L. Levi
2011

Quelle aubaine ! Jeff Sutton, chauffeur de taxi depuis 11 ans, ne se rend jamais à l’aéroport Fort Worth pour prendre des clients.

Mais allez savoir pourquoi, ce mardi-là, il décide d’aller s’y poster. Il a de la veine, il prend en charge une femme qui lui demande de l’amener dans le très chic quartier de Westboro. Enfin une course qui va rapporter gros ! 58 dollars ! Mais la dame n’a pas assez dans le portefeuille et doit rentrer chez elle chercher la somme manquante. Et puis, Jeff a un besoin urgent. Pourquoi ne pas profiter des toilettes de cette belle maison ! S’il avait su alors où cette course aller le mener…où il mettait les pieds, ou plutôt les mains !

Un système judiciaire passé au vitriol

Deux jours plus tard, Jeff Sutton est arrêté. Il est « le type ». Celui qui a kidnappé et certainement tué - c’est ce que pensent les trois policiers venus le cueillir chez lui - une jeune fille de 12 ans, l’enfant de la cliente de l’aéroport.

Jeff Sutton n’est pas suspecté par la police, il est désigné coupable. Pas de présomption d’innocence. L’enquête prend donc fin.

Et voilà notre chauffeur de taxi placé en détention provisoire par décision du juge.

Cet homme a beau clamer son innocence, personne ne l’entend.

En prison, dans l’attente de son jugement, il reçoit uniquement la visite de son avocat, Maître Randall, un commis d’office, qui ne « voulait pas de ce dossier ». Pour seul ami, il y a bien Robert, un psychopathe qu’il retrouve pendant l’heure de récréation.

1 heure de sortie pour 23 heures d’enfermement.

« L’enfermement le ronge ».

Jeff Sutton fait pourtant confiance au système judiciaire, il essaie de survivre dans cet enfer, il oscille entre espoir et abandon.

Le verdict est sans appel pour l’accusé dénommé « Administration judiciaire américaine ».

Iain Levison nous dresse un portrait au vitriol du système judiciaire américain qui fonctionne mal, qui condamne sans preuves établies, des hommes et des femmes qui se disent innocents des faits qui leurs sont reprochés et qui se retrouvent dans le couloir de la mort jusqu’à leur exécution.

Une histoire rocambolesque inspirée d’un fait réel

L’auteur s’est inspiré d’une histoire réelle pour écrire ce roman. Celle de Richard Ricci, mort en 2002 dans une prison de l’Utah, condamné pour avoir kidnappé et tué Elizabeth Smart. Cette adolescente a été retrouvée vivante après la mort de cet homme, elle avait en fait été séquestrée par un fanatique. Parce que Richard Ricci avait déjà fait de la prison et avait été renvoyé, en tant qu’homme à tout faire, de la maison des Smart pour avoir volé un bijou (ce qu’il avait effectivement fait), il était donc le coupable idéal.

L’auteur critique les condamnations abusives, le pouvoir quand il est mis entre de mauvaises mains, les médias assoiffés de sang et de scandales et les séries télés telles « Les Experts » qui donnent une image faussée de la réalité et qui servent de propagande à une Amérique soucieuse de montrer qu’on peut compter sur elle pour sauver l’Humanité.

Ce roman fait froid dans le dos. C’est une véritable tragédie que vit cet homme ordinaire, on se demande s’il va réussir à se sortir de cette situation épouvantable. En 15 chapitres, on passe, comme le personnage principal, de l’étonnement au moment de l’arrestation, à l’effroi quand on comprend ce qui se passe, puis de l’espoir à l’abattement. Il y a un ton mordant chez cet auteur qui nous donne envie de nous battre avec son personnage et de ne pas laisser tomber.

Retrouvez ce roman dans les médiathèques d'Antony

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