Solaire

Ian McEwan

 

Gallimard
2011

Michael Beard, chauve, bedonnant, est un ancien prix Nobel de physique qui vit sur sa réputation. Il voyage dans le monde entier, enchaînant conférences et colloques. Contrairement à ce que son aspect laisserait supposer, c’est un véritable bourreau des cœurs. Cependant, son cinquième mariage bat de l’aile. Il travaille mollement dans un centre de recherches sur un projet gouvernemental concernant le réchauffement climatique.

Car le Dr Beard se sent maladroit, peut-être est-ce l’effet de l’âge ? Jeune, il a été un chercheur au brillant avenir. Pas au mieux de sa forme, il est en train de se faire quitter par sa dernière épouse en date. Il préside un Institut dont le projet principal - pour lui - est de brasser du vent et de récolter des fonds et officiellement, de développer les énergies durables. Donc le projet actuel est une mini-éolienne. Mais le Dr Beard n’y croit pas– il ne croit plus en grand chose, ces derniers temps. Pas plus qu’un de ses thésards, Tom Aldous, qui lui explique ses idées sur les nanotechnologies et la photosynthèse artificielle.
 
Avec cet Anglais vieillissant, opportuniste, pas drôle, pas sympathique, cette intrigue assez pessimiste sur le genre humain, Ian McEwan réussit le tour de force de nous servir un souvent très très drôle, avec des personnages désagréables à force d’être humains et malgré tout attachants car justement, ils sont humains. Nous pourrions les croiser tous les jours devant notre miroir. Comme pour le neurochirurgien dans Samedi , les pensées et le petit quotidien du Dr Beard sont épluchés minutieusement. La succession de tuiles qui lui tombent dessus est parfaitement synchronisée, selon la Loi de Murphy .Un comble pour le brillant chercheur qu’il fut. La trame de fond – le scientifique – est précise et bien vue, on s’y croit.

 

Mais il ne faut pas s’arrêter là : Ian McEwan en profite pour éreinter les artistes contemporains et leurs installations. Il fait une brillante satire de notre société du spectacle où l’on peut brusquement se retrouver sur le devant de la scène puis tout aussi vite être mis à l’écart.

Il est impossible de lâcher ce , tant la tension narrative est maîtrisée ; les passages scientifiques n’ont pas à vous effrayer, au contraire !

A rapprocher de La carte et le territoire de Houellebecq pour la critique sans merci de la société et de l’Ecologie en bas de chez moi de Iegor Gran pour « l’écologiquement correct »

 

Retrouvez ce roman dans les médiathèques d'Antony
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