Au cœur du mythe de l’ouest américain, un auteur et son éditeur enrichissent notre vision d’une Amérique complexe et fascinante.
La maison d’édition à la patte d’ours.
La sortie du deuxième roman de Bruce Holbert nous donne l’occasion de mettre un coup de projecteur sur son éditeur O.Gallmeister.
Depuis 2006, les éditions Gallmeister se consacrent à la découverte des multiples facettes de la littérature américaine, devenant ainsi l'unique éditeur français à se spécialiser exclusivement dans ce domaine. D’est en ouest, les auteurs américains décrivent et interrogent les beautés et les contradictions de leur immense territoire et de ses habitants.
Dans la lignée de Thoreau ou d'Emerson, des auteurs comme Edward Abbey ou David Vann se font les observateurs subtils du monde naturel. Leurs écrits ne prennent pas simplement la nature pour cadre : ils en font un élément central de la narration, qui marque profondément le destin des hommes. Enrichi par une collection de romans policiers, le catalogue fait aussi une place à des récits qui sondent le côté obscur d’une Amérique plus urbaine.
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Oliver Gallmeister, le fondateur de la maison, a hérité des étés solitaires passés en Corrèze le goût des grands espaces, de la nature et de la liberté.
« Je passais ma vie dehors, j’emmenais des livres dans mon sac à dos pour lire près des ruisseaux ou dans les champs…j’ai été fasciné et façonné par ces étés. »
Les auteurs classiques américains et les romans d’aventure qu’il lit directement en anglais lui montrent la voie : il éditera exclusivement de la littérature américaine contemporaine. Grâce à son travail de lecteur boulimique, il fait connaître en France le « nature writing » et rallie ainsi à sa cause de nombreux lecteurs qu’il propulse à sa suite dans la grande prairie.
Cet automne, sa maison publie le deuxième roman de Bruce Holbert après Animaux solitaires.
Bruce Holbert : Une vie au grand air
Les paysages qui servent de décor à ses livres sont ceux où l’auteur a grandi, une combinaison de fermes bâties sur des plateaux rocheux et de portions de déserts au pied des montagnes de l’Okanogan, traversés par la Columbia River.
Arthur Strahl, l’arrière- grand-père de l’auteur était un éclaireur indien et une sorte de légende, du moins jusqu’à ce qu’il tue son gendre. Ce drame familial influencera Holbert dans son écriture. Tous les hommes de la famille travailleront sur les chantiers de construction des barrages sur la Grande Coulée, comme le fera le héros de son dernier roman.
Son enfance est une continuelle errance au gré de l’avancement des travaux sur la rivière, dans l’ombre de ceux qui ont véritablement construit la mythologie de l’ouest.
Après une jeunesse dissipée, parsemée de délits mineurs, il intègre l’université et, soutenu par ses professeurs, il participe à un atelier d’écriture. Ses études sont couronnées de succès et à son tour il enseigne aujourd’hui à des étudiants « difficiles ».
L’heure de plomb suit quatre personnages principaux pendant presque 80 ans. Le premier d’entre eux est Matt, survivant d’une tempête de neige. Ce drame originel le laisse trop tôt responsable du ranch familial et fait de lui un adulte incapable d’exprimer ses sentiments. Le silence dans lequel il s’enferme est pour lui une malédiction. Le livre s’attache aussi à Wendy une fille intrigante et au caractère bien trempé. Liée à Matt par nature, leur relation est pourtant chaotique et pleine d’incompréhension.
De leur côté, Linda l’enseignante et Roland le fermier font partie de la famille de cœur que Matt tente de rassembler autour de lui parfois de façon fort maladroite, il faut bien l’avouer.
Rude, âpre, violent, sont sans doute des adjectifs qui s’appliquent à l’univers de Bruce Holbert. Ils ne suffisent cependant pas pour rendre compte de la profonde empathie de l’auteur pour ses personnages, de la justesse de son regard et de la puissance de son récit qui entraîne le lecteur vers une expérience de lecture singulière et haletante.
L’heure de plomb s’ouvre sur un extrait d’un poème d’Emily Dickinson. Une façon pour l’auteur d’indiquer au lecteur qu’une forme d’harmonie existe dans le monde qu’il dépeint.
C’est l’heure de Plomb –
Dont on se souvient si on y survit,
Comme les gens qui Gèlent se rappellent la Neige –
D’abord – le Froid – puis l’engourdissement
-puis l’abandon -
A voir aussi : Article de Sylvie sur Négar Djavadi
Mots-clés Rentrée littéraire 2016, roman
Lien croisé
Dimanche 20/11/2016 à 13:46
Site des médiathèques d'Antony : " petit monde de la plage. Voilà un album q...mardi 4 octobre 2016 11:47"