Quelle place pour les femmes dans les révolutions arabes ?

Café société avec Wassyla Tamzali, auteur de Une femme en colère

Gallimard
2007

Lors du Café société du 19 novembre dans le cadre de notre cycle « Zoom sur le monde arabe », Wassyla Tamzali s’est  exprimée de manière très engagée sur la condition féminine dans « les pays des révolutions arabes ».  Elle a aussi fait un exposé brillant sur les différentes étapes des révolutions arabes.

Wassyla Tamzali fut avocate à Alger pendant dix ans, puis à partir de 1980, pendant vingt ans, elle a dirigé le programme sur la condition des femmes de l’Unesco. Actuellement, elle est retournée à Alger où elle a choisi de vivre.

Wassyla Tamzali, se pose la question suivante : Quelle évolution est en cours pour les femmes, après le Printemps arabe ?

Le dégel du printemps arabe

Nous pouvons dire que le printemps arabe se présente comme «un dégel ».

Après chaque révolution, un régime autoritaire s’installe, porté par les élites des classes bourgeoises et les classes ouvrières. Ce dégel intervient après une période dite de glaciation organisée par les pouvoirs autoritaires qui ont pris le pouvoir après les indépendances (pour exemple en Algérie, le FLN qui reprendra toute sa culture de guerre utilisant l’assassinat et le coup d’état permanent pour régner). De ce fait on peut  parler de « libération » mais pas de « liberté ». La violence anticoloniale, l’utilisation de la religion comme ciment vont s’abattre sur les pays décolonisés tandis qu’au plan international, les occidentaux n’ont pas perçu ce qui se passait

Pour Wassyla Tamzali, « aujourd’hui, ces  blocs de glace se détachent »

Les principales étapes de la révolution tunisienne

  1. C’est une révolte populaire
  2. Il y a eu rencontre entre la révolte populaire et la société civile tunisienne : cette double résonnance va internationaliser le mouvement 
  3. L’arrivée des islamistes devant la scène surprend. Mais on découvre d’abord que c’est un pays pauvre. Ensuite que l’imprégnation religieuse y est très forte. Pourtant les femmes tunisiennes n’ont jamais voulu  militer sur la base des textes religieux, elles ont toujours refusé l’interprétation féminine du Coran.

Religion et condition féminine, laïcité et liberté

Gallimard
2009

 W. Tamzali affirme que si on reste dans le cadre de la religion, on accepte la soumission de la femme. Il faut donc éduquer les masses sur le rôle de la religion. Selon elle, on peut être libertaire et musulman, croyant et féministe ;  le féminisme islamique n’existe pas.

Il ya deux types de discours :

L’un rassurant fait remarquer que la manipulation des partis religieux était insoupçonnée, qu’ils étaient en recul par rapport à la scène de la rue. On ne peut que constater la proximité culturelle toujours entretenue entre les policiers (armée) et les islamistes car ils se battent pour la même cause : le pouvoir.

Par ailleurs en Tunisie, la vraie constitution c’est le code de la famille et ceci avant même l’Indépendance. Or les islamistes (le parti Ennadha) risquent de la vider de sa substance. Va-t-on appliquer la charia dans la famille, sur les femmes en Lybie ou en Tunisie ?

Wassyla Tamzali pousse un cri de colère contre ceux qui pensent que l’islamisme était postmoderniste et progressiste. Dans les pays du Maghreb, il n’y a jamais eu de révolutions laïques (comme en Turquie) et c’est la loi religieuse qui prévaut. Pour elle, les partis fondamentalistes portent en eux la radicalisation.

Le seul espoir de cohésion sociale, c’est la laïcité en tant que débat premier.

Retrouvez l'essai de Wassyla Tamzali dans les médiathèques d'Antony


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