Dans ce village, nul ne connaît la mort, pas plus les humains que les objets, les animaux ou les plantes. C’est le printemps éternel. Les gens ressemblent à des mannequins à la peau lisse, sans expression véritable, du rien dans les yeux et dans le sourire. Jusqu’au jour où une étrangère arrive en trébuchant et faisant rire tout le monde. C’est la mort. A ce moment les personnages, statiques jusqu’alors, commencent à bouger, à s’exprimer, à connaître la douleur et la souffrance mais également la consolation. La mort met le feu à une maison et un enfant meurt. C’est la première mort, la plus dure qui soit. La mort prend en charge les funérailles, le rituel qui occupe. Elle pleure de ce qu’elle a provoqué. Puis la mort s’en va, laissant le village à sa reconstruction tant physique que psychologique. Les visages ont pris quelques rides mais également de l’expression, du sentiment, de la vie.
Depuis les habitants se souhaitent bonne journée, puisqu’ils ne sont plus sûrs de l’éternité de leurs jours.
Connaître la mort c’est s’offrir la vie, voici le message que j’emporte avec moi de ce livre magnifique, sans concession, qui porte dans ses pages les mots précis pour décrire la mort. Il est servi par des illustrations sobres, tout en humanité sous un aspect enfantin. L’avant dernière illustration reprend la deuxième, les mêmes personnages, mais changés. Ils se sont regroupés, on voit immédiatement leur « vivre ensemble ». Les feuilles des arbres tombent symbolisant le nouveau cycle de vie, les visages ont pris des rides mais les yeux ont gagné en humanité et douceur. Alors bien sûr les maisons ont mis des portes et des grillages à leurs fenêtres, il faut bien se protéger. La vie ne sera pas aussi simple qu’avant le passage de la mort.
Mais la mort a créé la vie
La mort nous a laissé la souffrance, la compassion et la consolation
A lire pour le texte et les illustrations, sobres et intelligents, et pour la formidable adéquation entre les deux. C’est retenu, c’est plein, c’est vivant, c’est plein d’espérance parce que plein de connaissance.
Retrouvez cet album dans les Médiathèques d'Antony.
Mots-clés Philosophie, mort