Casterman
L'École des loisirs
2012

Trois adolescents français en voyage scolaire en Angleterre achètent dans une boutique des jeux vidéos. Lorsque le vieux propriétaire remarque l’insigne nazi qu’arbore Andreas sur sa veste, celui-ci le jette dehors et remet une simple disquette à ses amis : elle contient un jeu de guerre fascinant qui va vite leur faire perdre le sens de la réalité…

On retrouve avec joie Christian Lehmann dans cette bande dessinée très réussie ; une adaptation de son fameux roman best-seller de 1996, légèrement remis « à jour » : la xénophobie d’Andreas prend sa source entre autre chose dans le terrorisme d’Al-Qaeda et on nous parle de l’invasion de Irak.

Comme le roman, la BD est riche en axes de réflexion : que ce soit la transmission des idées extrémistes et l’influence d’une éducation intolérante et violente sur le fragile psychisme de l’enfant ; la perte de repères d’adolescents livrés à eux-mêmes ou l’incidence de jeux vidéos de plus en plus réalistes et violents sur les jeunes joueurs*.

La bande nous livre également une réflexion intéressante sur l’atrocité de la guerre et sa réalité pour ceux qui la vivent : par exemple, Elena, une élève de leur classe qui a fuit la guerre des Balkans, ou le frère d’Éric, qui en revient…

Tout est présent dans cette BD et le dessin de Carrion, fin et anguleux, nous fait passer avec brio du réel au virtuel, dans une atmosphère toujours ténébreuse : le quotidien des jeunes est décrit avec le même graphisme que les scènes de guerre, les rendant criantes de vérité.

On est vite happé par la BD qui s’achève (habilement) à Guernica, au moment où Éric commence la partie avec l’inquiétant Andreas… A découvrir ou redécouvrir absolument !

* Lehmann avait bien anticipé cette tendance au Shoot’em all, jeux de massacre dont l’unique intérêt consiste à tuer un maximum d’ennemis, sans l’aspect stratégique des Wargames, tels que le sont les échecs.

Retrouvez cette BD dans les médiathèques d'Antony

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