Attila
2010
Un grand merci au génial (petit) éditeur Attila (douze titres depuis 2009) de nous avoir fait découvrir cet auteur presque méconnu en France, véritable phénomène de société aux Etats-Unis et en Allemagne. Né en 1926, Edgar Hilsenrath est un rescapé des ghettos juifs d'Ukraine. Il se réfugie ensuite aux USA où il publie son oeuvre iconoclaste. Fuck america, tout d'abord, récit picaresque d'un looser juif new-yorkais, héritier de Fante et Buckowski.
Son oeuvre la plus connue, Le nazi et le barbier, a d'abord été éditée aux USA en 1971 ; elle remporta un succès considérable avant de faire scandale que sept ans plus tard en Allemagne.
Max Schulz, "fils illégitime mais aryen pure souche", naît le même jour que son petit voisin, Itzig Finkenstein. C'est tout juste s'il ne se fait pas circoncire ! Arrive la montée du nazisme ; par opportunité plus que par conviction, il adhère au national-socialisme et devient SS (plus que brillant !) dans un camp en Pologne. Il fuit dans la forêt polonaise au moment de l'avancée de l'Armée Rouge. Seul dans Berlin, il se crée une nouvelle identité...Itzig Finkenstein, son meilleur ami, qu'il a lui-même tué dans les camps!
Et c'est parti pour une aventure picaresque rocambolesque de 1930 jusqu'aux années 70, de Berlin à Tel-Aviv. Car notre Itzig, alias Max Schulz émigre en Israël, devient juif orthodoxe extrémiste, membre d'un groupe terroriste et héros de la Guerre des Six Jours !
Sur 500 pages, Hilsenrath réalise un chef d'oeuvre irrévérencieux, une fable burlesque à la verve satirique, parvenant à nous rendre sympathique un "génocidaire".
Il se fait l'héritier des romans picaresques où les hommes de rien parcourent le monde en luttant contre les obstacles et en retombant toujours sur leurs deux pieds.
Présenté sous forme de roman-confession, bien avant La mort est mon métier et plus de trente ans avant Les bienveillantesde Jonathan Littell, Hilsenrath fait parler pour la première fois un bourreau qui devient le porte-parole des victimes.
Il est le premier et le seul à oser l'humour noir pour traiter de l'Holocauste et du génocide.
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