Qu’est ce qui arrive à Albert ? Il n’a plus le goût de vivre. Le monde qu’il a connu change, se transforme. Il ne s’y fait pas, au remembrement. Car en 1961, la France rurale bascule dans la modernité. La télévision arrive qui va permettre à Suzanne, la femme d’Albert de voir son fils Henri, parti à la guerre d’Algérie.

Albert, il l’aime sa terre, même s’il travaille chez Michelin. Ce champ là, il est à lui. Le remembrement, il n’en veut pas. Il n’a jamais digéré la défaite de 1940. Il était sur la ligne Maginot, ce système de défense qui devait protéger le pays. Au lieu de ça, la honte de devoir s’être rendu. Il a vécu comme un mendiant toutes ses années. Son fils Henri avait presque cinq ans à son retour.

Plus tard, Gilles est né. Il est cher à son cœur celui-là. Gilles aime la lecture. Il lit «Eugénie Grandet» à dix ans. Il s’ouvre à un autre univers. Non, Gilles ne travaillera pas chez Michelin. Albert le met en contact avec Monsieur Antoine, ancien maître d’école, qui vient de prendre sa retraite dans ce village. Sa maison est pleine de livres, empilés, c’est moins intimidant que des étagères.

Suzanne aime la modernité. Elle se pomponne. Elle vend les meubles, installe du formica, rêve d’un pavillon.

Jean-Luc Seigle est dramaturge. Il construit son livre comme une pièce de théâtre. Unité de lieu, de temps. Une journée le 9 juillet 1961 avec le lever du jour, la matinée, l’après-midi, le soir, la nuit, le lendemain matin.

Et pourtant comme l’Histoire est présente dans ce temps suspendu! Le regard de Jean-Luc Seigle est bienveillant. Il ne juge pas ses personnages. On sent de la tendresse, de la pudeur. Le tout servi par une belle écriture.Prix RTL/Lire 2012.

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