Come back, Africa

Lionel Rogosin

Carlotta
2010

Le cinéma face au réel

Paysan zoulou fuyant la famine, Zacharia arrive à Johannesburg en quête d’un travail pour subvenir aux besoins de sa famille. Employé à la mine d’or, il espère ainsi obtenir un permis de résidence en ville mais constate très vite qu’on l’a mal informé. Aspirant à un travail moins aliénant, Zacharia occupe plusieurs tâches clandestines successives, se heurtant chaque fois à la ségrégation et au racisme banalisé de ses employeurs blancs. Lorsque sa femme et son enfant le rejoignent, ils s’installent ensemble à Sophiatown, ghetto de la communauté noire, en espérant pouvoir trouver rapidement une situation stable…

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Come back, Africa, réalisé en 1958, est un film important et marquant pour des raisons politiques autant qu’artistiques. Premier film anti-apartheid, il s’inscrit dans l’histoire de l’Afrique du Sud et signe l’acte de naissance du cinéma sud africain.

"Le film a été projeté partout en Afrique", dit Rogosin, "et des cinéastes africains m'ont dit qu'il a lancé et influencé tout le mouvement cinématographique là-bas. Il est gratifiant de savoir qu'on a marqué la cinématographie de tout un continent".

Seul récit filmé de l’époque, il montre sans détour et de l’intérieur la réalité des Africains. Entièrement tourné dans la clandestinité (Lionel Rogosin ayant déclaré aux autorités sud-africaines vouloir faire un documentaire sur la musique du ghetto), le film nous plonge avec un réalisme impressionnant au cœur de l’apartheid et de la vie quotidienne dans le ghetto de Sophiatown.

Hybride entre le documentaire et la fiction, il mélange des images sur le vif du quotidien des Africains et des scènes scénarisées à partir d’évènements vécus et interprétées par des acteurs, tous non-professionnels (Le scénario du film fut écrit en collaboration avec deux journalistes engagés Lewis Nkosi et Blake Modisane). Farouche militant anti-raciste,  Rogosin donne la parole aux intellectuels les plus radicaux du moment qui débattent de la condition de l’homme noir dans les shebeens (bars clandestins du ghetto) et aux artistes comme la chanteuse Miriam Makeba, dont la carrière internationale fut lancée par le film

Inéluctablement lié au contexte historique de sa fabrication, Come Back, Africa n’en est pas moins une œuvre aux qualités artistiques et émotionnelles évidentes. L’histoire tragique de Zacharia, un homme qui se bat pour sa dignité et celle de sa famille dans un contexte hostile, a une portée universelle et résonne encore à l’heure actuelle.

Un film rare et essentiel, parfaitement restauré par la Cinémathèque de Bologne, à découvrir à la médiathèque Anne Fontaine avec deux autres œuvres majeures de Rogosin : On the Bowery (1956) et Good times, Wonderful Times (1965).

Retrouvez ce film dans les médiathèques d'Antony

 


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