Seul éditeur en France à se spécialiser exclusivement dans la littérature américaine, les éditions Gallmeister fêtent leurs dix ans. Composée d’une petite dizaine de personnes, cette maison d’édition souhaite raconter l’Amérique au lectorat français à travers ses auteurs.
Pour l’occasion, la médiathèque Arthur Rimbaud accueillait samedi 8 octobre 2016 Marie-Anne Lacoma qui travaille chez Gallmeister depuis 2009.
Son rôle est de faire découvrir en avant-première aux professionnels intéressés, tout particulièrement aux libraires et aux bibliothèques les pépites dénichées par sa maison d’édition. Il n’est donc pas vraiment question de rentrée littéraire comme pour d’autres éditeurs.
Nous lui avons demandé comment Gallmeister découvrait ses auteurs ?
Les auteurs se découvrent de multiples façons.
On aurait pu croire que les agents littéraires américains joueraient un grand rôle mais Marie-Anne nous a expliqué qu’ils ne proposaient aux éditeurs étrangers que les livres publiés dans l’année, d’où la limite de cette offre.
C’est donc surtout par d’autres voies que Gallmeister enrichit son fond.
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Les éditions Gallmeister consultent bien sûr les catalogues des éditeurs américains. C’est de cette façon qu’ils ont « mis la main » sur l’Heure de Plomb de Bruce Holbert (sélectionné pour notre rentrée littéraire 2016).
L’effet boule de neige joue son rôle : Des auteurs parlent d’autres auteurs qu’ils connaissent et apprécient. Des traducteurs, des lecteurs peuvent aussi les mettre sur des pistes intéressantes. Et puis enfin il y a des auteurs qui contactent directement la maison d’édition.
Marie-Anne a ensuite rendu hommage aux traducteurs (environ 25) qui travaillent avec les éditions Gallmeister et sans qui la littérature américaine resterait largement inconnue en France. Même si on ne peut éviter des erreurs ici et là, la qualité de la traduction joue un rôle essentiel.
Des éditions concentrées sur TOUT le territoire américain.
· Une perception de l’écrivain différente en France/USA
Les auteurs américains sont choyés en France. Anne-Marie nous a décrit la surprise d’auteurs américains désarçonnés par la passion des français pour leur livre que les lecteurs connaissaient sur le bout des doigts ! Cela force les auteurs à réviser leur copie avant les rencontres pour être capable de répondre à des questions très pointues d’un lectorat en soif de comprendre !
Etre écrivain aux USA ne mène pas à faire une carrière contrairement à la France où survit l’idéal du jeune poète maudit. Et puis, aux US la culture de l’argent est omniprésente. Or être écrivain, on le sait, mène rarement à la richesse.
· Une attitude éditoriale différente :
Aux USA, le monde éditorial est très centré sur la côte Est. Les éditeurs et agents littéraires vivent à New-York. Ce microcosme littéraire s’intéresse surtout à la littérature New-yorkaise. Cette forme de sectarisme est à l’opposé de la politique d’ouverture des éditions Gallmeister qui publient parfois des auteurs américains qui ne sont même pas publiés dans leur propre pays ! Certains écrivains d’outre-Atlantique sont à peine connus là-bas alors qu’ils sont vénérés comme des stars en France.
Pourtant des grands auteurs comme Steinbeck, Hemingway, Faulkner n’étaient pas New-yorkais…
Marie-Anne justifie l’éclectisme de Gallmeister par le fait que la littérature américaine nous parle de la beauté des grands espaces, des contradictions de sa population, de la variété incroyable de cet immense territoire. Qu’ont en commun le cow-boy du Texas, le trader new- yorkais, la star d’Hollywood, le pêcheur sous glace du Minnesota et l’ingénieur informatique de la Silicon Valley sinon d’appartenir à une Amérique plurielle source inépuisable d’inspiration ?
Enfin Marie-Anne Lacoma nous a parlé de Bruce Holbert et de son livre l’Heure de Plomb, de cette mythologie du Far West associée à des éléments biographiques qui servent de fondement à son livre.
C’est un livre violent. Son traducteur a dit que c’était le livre le plus dur qu’il ait eu à traduire depuis 10 ans. Dur par sa richesse littéraire et sa violence. Bruce Holbert réécrit parfois jusqu’à 100 fois ses phrases avant de trouver la bonne !
La mythologie américaine valorise la violence. Bruce Holbert lui-même est grand lecteur de mythologie, il s’en inspire dans son roman qui utilise les mêmes ressorts que les mythes. Son écriture peut paraître outrancière mais elle dit quelque chose d’essentiel sur ce que nous sommes.
Pour en savoir davantage sur l’Heure de plomb, référez-vous à l’article de Natalie : Article de Natalie sur Bruce Holbert
Mots-clés Café, rentrée littéraire, Gallmeister, Bruce Holbert, L’heure de Plomb, édition
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Samedi 29/10/2016 à 15:07
Site des médiathèques d'Antony : "teur de Désorientale, était l'auteur invitée à la médiathèque Arthur Rimbaud s...vendredi 28 octobre 2016 14:09"