Coup de projecteur sur une rencontre passionnante avec l’auteur Negar Djavadi

Comme nous vous l’avions annoncé, Négar Djavadi, auteur de Désorientale, était l’auteur invitée à la médiathèque Arthur Rimbaud samedi 8 octobre pour présenter son livre et répondre aux questions des nombreux lecteurs venus à sa rencontre.

L’article de Sylvie sur notre blog décrit très bien le roman de Négar Djavadi qui est un de nos gros coups de cœur de cette rentrée littéraire. Je ne vais donc pas vous redire ce que vous pourrez trouver ici :

Désorientale de Negar Djavadi

 

Concentrons-nous plutôt sur ce que l’auteur a voulu partager avec nous, sur l’écriture de son livre, l’histoire de l’Iran sur un siècle et les liens avec son histoire personnelle…



Négar Djavadi est arrivée en France à l’âge de 11 ans après avoir fui son Iran natal tout comme son héroïne. Elle est donc le fruit de deux cultures, ce qui se reflète dans son roman et qu’elle essaye de transmettre à ses enfants dont le père est français.

Désorientale est par certains aspects rédigé comme un conte oriental. La narratrice entraîne le lecteur dans des histoires ancestrales transmises de génération en génération avec leur dose d’imaginaire !

L’aspect français du roman est plus psychologique, « c’est une autofiction à la française ». « Mon écriture fonctionne comme la mémoire, elle mélange présent et passé, n’est pas linéaire, on tire un fil et il en sort un autre. »

Son métier de scénariste l’a aidée. Le roman se présente comme une intrigue de polar dans lequel se mêlent l’intime et l’Histoire. Elle a eu envie de raconter à travers une saga familiale l’histoire de l’Iran dont les médias nous donnent des images parcellaires et souvent faussées. Certains ont été surpris d’entendre que les écrits de Khomeiny étaient interdits en Iran de l’époque du Shah, toute sa politique intégriste y était déjà annoncée.

Négar nous parle avec tendresse de ses héros. Kimia qui croit qu’elle va s’intégrer très vite en France car en Iran les professeurs de son école étaient français. Or parler la langue n’est qu’un début d’intégration, il faut d’abord se « désintégrer » de ses habitudes pour vraiment devenir citoyen d’un autre pays. Cela ne se passe pas sans heurt, Négar, et à travers elle son héroïne, ont ressenti cette douloureuse quête identitaire, la difficulté de se construire avec ou contre son héritage culturel et familial.

Le père de Kimia, Darius est comme le père de la narratrice sous la menace de la fatwa. Il ne prend pas l’escalator dans le métro par respect, il ne veut pas «abuser», simplement parce qu’il ne pense pas contribuer par son travail à la grandeur du pays qui l’a accueilli.

La mère de Kimia est aussi très proche de celle de Negar Djavadi. Elle croit très fort en la maternité jusqu’au jour où elle découvre un idéal aussi fort : la politique. C’est une femme de conviction.

Qu’ont pensé ses parents du livre de leur fille ? Ils en ont été très émus. Tout comme elle, ils ne retourneront pas dans leur Iran natal. Ils n’ont cependant pas de regrets, ils ont perdu mais ils se sont battus…

Le livre ne sera pas traduit en Iran. Négar pense que l’ouverture de son pays est un leurre. Certes il y a l’accord sur le nucléaire entre l’Iran et les grandes puissances et une ouverture économique aux entreprises comme Zara, La Roche bobois, mais cette ouverture se traduit par une plus grande oppression de la population locale : caricaturiste emprisonné, homosexuel pendu…

Négar et sa famille ont quitté l’Iran sans aucun papier d’identité afin de sauver leur peau. Elle ne pourrait retourner en Iran qu’avec un visa français en signant à l’ambassade d’Iran un document comme quoi elle reconnait être « traître à son pays », ce qu’elle se refuse à faire !

Sur quoi travaille-t-elle actuellement ?

Sur 3 séries télévisées et un film unitaire « La pièce manquante », téléfilm de fiction qui copie dans les détails une situation réelle. Nous allons suivre une avocate pénaliste, ténor du barreau qui, contre toute attente, décide d’assurer bénévolement la défense d’un délinquant sans envergure, mais ce dernier s’avère être son fils…

Négar Djavadi n’a pas dit son dernier mot en matière de roman, gageons que sa plume continuera à nous enchanter dans les années à venir.

 
 









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