Zoom sur Rithy Panh et l’histoire du Cambodge

A l’occasion de la parution de L’élimination et de la sortie du film Duch le maître des forges de l’enfer

Grasset
2012

Cambodge, le 17 avril 1975, toute la famille de Rithy Panh est emmenée de force vers une destination inconnue par les gardiens de la Révolution : elle est bourgeoise,  et devient aux yeux des khmers rouges qui viennent de s’emparer du pouvoir celle des oppresseurs à exterminer. Ils furent alors des milliers dans cette situation.

A compter de ce jour, moi Rithy Panh, 13 ans, je n’ai plus d’histoire, plus de famille, plus de pensée…»

Trente ans après il veut comprendre, pour cela il fait des films documentaires et passe à l’écriture :

Le livre « L’élimination »  nous fait revivre dans le détail ce que fut cet arrachement et le traitement atroce dont il fut victime lui et tous ses proches, il nous redonne à vivre l’histoire de cette folie exterminatrice qui durera 4 ans. Rithy Panh n’aura qu’une obsession, celle de rester vivant, survivre.

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L’ancien peuple, paysans et ouvriers, devient le modèle à suivre, le peuple de base qui a fondé l’Angkor Vat. Il devra « rééduquer » le nouveau peuple, celui des enseignants, médecins, artistes. 40% de la population est évacuée vers les campagnes. Tout est soumission à l’Angkar, état ou organisation toute puissante.

Le tortionnaire ou personnage central

Duch est un des puissants administrateurs de cette organisation, chef du bureau de la sécurité, il dirige le camp de détention S21, choisit ses bourreaux et organise la torture et l’extermination des prisonniers, dans la banlieue de Phnom Penh. On ne ressort pas de S21. Il le dit : c’est l’idéologie qui commande.

Les films , leur vision est complémentaire et indispensable.

En 2002, Rithy Panh réalise « S21, la machine de mort khmère rouge ». Il dit revenir vers le cinéma pour se sauver. La caméra filme dans le lieu même de la tragédie bourreaux et victimes ayant survécu ; s’y ajoutent les registres, les photos d’identité grand format des prisonniers à l’arrivée au camp et le fameux « cahier noir »où sont consignés tous les aveux extorqués.

Il sait la force des images, il a besoin de trouver la bonne distance : c’est son ami Van Nath, peintre et rescapé comme lui qui permet à R. Panh d’entrer dans S21 : long et admirable plan fixe de l’homme peignant les prisonniers attachés comme des bêtes… Au bout d’un couloir un gardien refait les gestes qui furent les siens, hurle les mêmes paroles. Souci d’exactitude du réalisateur, tout est décortiqué, vérifié.

En 2009 a lieu le procès de Duch, 30 ans après les crimes, R. Panh interroge Duch avec calme et obstination sur la réalité de ses crimes, dans une pièce du tribunal. C’est le « Duch le maître des forges de l’enfer » sorti en salle en janvier 2012. L’accusé rit souvent pour cacher sa colère, il ne parle qu’en slogans, son discours est clos, l’homme continue à se dissoudre dans l’organisation pour sa défense.

Rithy Panh par son intelligent travail d’analyse, de vérification et de montage nous rend l’Histoire, après lui nous ne pouvons plus dire que nous ne savions pas.

Retrouvez le roma L’élimination dans les médiathèques d'Antony


Rithy Panh - L'élimination par Librairie_Mollat
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  1. Lien croisé

    Anonyme
    Mardi 03/04/2012 à 23:57

    Site des médiathèques d'Antony : "Robert Laffont 2011Lise Eliot, chercheuse en neurosciences à Chicago, a épluché toutes les études « faisant autorité » sur les di...vendredi 10 février 2012 14:54Zoom sur Rithy Panh et l'histoire du CambodgeGrasset 2012Cambodge, le 17 avril 1975, toute la famille de Rithy Panh est emmenée de force vers une destination inconnue par le...vendredi 10 février 2012 14:42"