Retour sur la rencontre avec l’écrivain Cécile Ladjali à la Médiathèque Anne Fontaine


Le samedi 8 février 2014, une cinquantaine de personnes ont partagé un moment privilégié avec l’auteur et enseignante Cécile Ladjali. Prolixe en paroles, experte dans l’art de la transmission, elle nous a parlé avec passion et émotion de sa vie, de ses livres, de l’éducation nationale et du conflit Israélo-Palestinien.….
 

Particulièrement habitée par la question de ses origines, l’auteur s’est longuement attardée sur son dernier livre Shâb ou la nuit. Dans ce récit autobiographique, elle exprime sa souffrance d’enfant et d’adolescente face aux non-dits de ses parents adoptifs. La question des origines iraniennes et du passé, le leur, le sien, n’est jamais abordée devant elle. L’origine algérienne de son père installé en France et obligé de combattre ses « frères » pendant la guerre d’Algérie, son refus d’en parler par la suite ont bouleversé la famille. Cette frustration, ce manque de mots, Cécile qui pourtant garde une tendresse infinie pour ses parents, ne s’en est jamais vraiment remise. Alors, l’écriture s’est imposée, pour combler le vide…« Le livre m’a davantage écrit que je ne l’ai écrit »

Le langage, la musique et le poids des mots, la force des images ont pour elle une importance primordiale.

« Dans Shâb ou la nuit comme dans mes autres romans, le personnage principal, c’est le langage, la tessiture littéraire »

La nécessité d’un langage maîtrisé, Cécile Ladjali l’a vécue en tant qu’enseignante dans les lycées de Seine-Saint-Denis. Face à des élèves issus de milieux défavorisés au vocabulaire limité, « c’était une lutte pour leur faire comprendre que leur humanité se rétrécissait avec l’absence de mots. » Elle insiste sur le fait que notre monde est clivé : il y a ceux qui sont riches de mots et qui sont aptes à comprendre qu’on essaie de les manipuler. Et puis il y a les pauvres de mots qui n’ont pas les moyens linguistiques de décoder les messages.

Interrogée ensuite sur ses livres, elle nous éclairera sur la genèse et les motivations qui l’ont poussée à les écrire.

Ainsi elle parlera de son amour du théâtre dans son premier roman surréaliste Les souffleurs, et de son admiration pour l’architecte Rotko avec une série de variations sur le suicide dans La chapelle Ajax.

Elle abordera le thème de la disparition, celle de la mer d’Aral en correspondance avec la perte d’audition d’un violoncelliste compositeur dans Aral. Fascinée par la figure de l’androgyne et la quête de la fusion des contraires, elle fera revivre les figures de Paul Celan et d’Ingeborg Bachmann dans Ordalie et traitera, à mots à peine couverts, du conflit israélo-palestinien dans sa pièce de théâtre Hamlet/Electre.

Dans Les vies d’Emily Pearl et Louis et la jeune fille, c’est l’échange épistolaire qui sera le vecteur d’une introspection et d’une transmission des sensations vécues aux êtres aimés.

Il y aurait encore tant et tant à dire sur cette rencontre mais nous laissons à nos lecteurs le plaisir de découvrir par eux même cet auteur à la plume érudite et sensible qui nous a enthousiasmées.

A la suite de la rencontre, une vente-dédicace par notre librairie partenaire La Passerelle a été l’occasion d’échanges et de dédicaces personnalisés très appréciés.

Ecoutez l'émission France Inter du dimanche 14 Avril : Rencontre entre chien et loup avec Céline Ladjali


Retrouvez ses romans dans les Médiathèques d'Antony.


Mots-clés , ,

Partagez