Tout Eddy - Tout est dit

« Si j’aimais les garçons, je ne pouvais qu’être une fille ».

Voici l’épreuve de tout un début de vie, la très douloureuse éclosion d’une identité, le parcours d’un chemin de ronces pour parvenir à emprunter sa voie, seul contre un environnement qui ne tolère pas l’homosexualité et rejette les études.

La première phrase d’un manuscrit est sa rampe de lancement, celle qui déclenche l’envie à l’éditeur de le publier. « Ma mère ne m’a jamais donné la main… ». Dès la première ligne de L’asphyxie, Violette Leduc nous plonge dans une souffrance qui la tenailla toute sa vie. Pour Eddy, ça ne démarre pas mieux : « De mon enfance je n’ai aucun souvenir heureux ».

Eddy fut un souffre-douleur, son enfance et son adolescence furent humiliées. Des traits trop fins, des mains qui s’agitent quand il parle. Trop féminin. Cette différence n’est pas tolérée dans le monde où vit Eddy. Et puis ce quelque chose quand il s’exprime qui tient plus de ceux de la ville que de son coin paumé. Le sourire d’Eddy fut son arme instinctive d’auto-défense, sa seule arme. Et pour qui sait le lire et l’entendre, ce qui sera le cas de son professeur de théâtre, ce sourire est un appel au secours : « Prenez-moi, sortez-moi de là ».

Les critères du grand roman de la misère sociale sont réunis : alcool, chômage, usine à 16 ans, homophobie, racisme, conjugaison aléatoire (« si j’aurais »), le Nord, la télé omniprésente. Mais l’on ne sombre pas dans la caricature.

C’est un livre secouant où brûlent l’absence d’affection, de copains, où l’amour familial ne s’exhibe pas.

C’est fluide, rapide, sans concessions, n’épargnant ni lui-même, ni sa famille, ni sa classe sociale.

La Grande Librairie 09/01/2014 :

Revue de presse culturelle d'Antoine Guillot du 21/03/2014 :

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