Le conte de fée selon Charlotte

Atelier d’écriture avec Charlotte Bousquet




Cette année, les médiathèques d’Antony recevaient Charlotte Bousquet. En plus de découvrir ses romans et de la rencontrer, un petit groupe d’élèves des collèges Descartes et François-Furet a participé à un atelier d’écriture avec notre invitée.

Dans une ambiance studieuse et animée, ils ont exercé leur imagination pour réécrire un conte de fée. Nous vous proposons trois textes de leur création….

Avant de se lancer,quelques consignes pour rester crédible, et un petit exercice : écrire en quelques lignes un début d’intrigue, avec 1 à 3 mots imposés.

Exemple : forêt, symbole, métal. A vos crayons !
Et votre voisin prendra la main pour la suite…

Exercice n°2 : réécrire un conte de fée. Charlotte Bousquet nous a présenté sa propre relecture de conte : La Marque de la Bête. Elle a proposé Cendrillon, Le vilain petit canard, Hansel et Gretel, en laissant la possibilité de choisir son conte préféré. Et là, dans un festival d’imagination, grand succès pour Hansel et Gretel, mais il y eut aussi une nouvelle version de Le petite fille aux allumettes et d’autres encore.

Entre les deux séances de création à la médiathèque, ils ont contribué à un cadavre exquis : à trois ou quatre, ils ont chacun leur tour écrit une tranche d’histoire avant de la transmettre au suivant, sous l’œil avisé de notre invitée. Extraits :


Le fantôme

« La lune brillait dans le ciel d'hiver et illuminait d'une clarté éblouissante les grands sapins de la terre du nord. La jeune fille épiait les hommes étrangers à son territoire avec un petit pincement au cœur. Autrefois, elle aussi appartenait à une tribu, et la jalousie enflait en elle à chaque rire de ces personnes qu'elle ne connaissait même pas, et se prépara à sa petite expédition en fourrant dans sa sacoche en cuir son couteau orné et en enfilant sa tenue noire. Depuis son exil, il lui fallait en effet voler les biens des voyageurs pour se nourrir. Elle effectua un saut dans l'ombre d'une tente depuis la cime de son arbre-maison, comme elle l'avait tant fait depuis qu'elle y vivait. Sa peau en peau de loup noir se fondit avec merveille à son environnement et elle allait s'introduire dans la tente inoccupée quand une main s'abattit avec force sur son épaule.
 

Elle se retourna mais ne vit rien. Pourtant, quelque chose la retenait bel et bien. Tout d’un coup, son regard se fixa sur une zone trouble qui semblait bouger. La petite se mit à trembler. Elle ne respirait plus. Soudain quelqu’un l’appela :
— Mademoiselle, s’il vous plaît, auriez-vous l’obligeance de venir m’aider ?
La jeune fille encore sous le choc ne bougea pas, mais la voix persistait :
— Mademoiselle s’il vous plaît ?
Enfin après avoir repris ses esprits elle appela :
— Qui êtes-vous, où êtes-vous et que voulez-vous ?
— Je suis devant vous, Mademoiselle, mais vous ne pouvez pas me voir ! … »

Le couteau

«— Qu’est-ce qu'on va faire aujourd'hui ?
— Viens, on va se promener.
Melissa et Marine âgées toute les deux de quatorze ans, se connaissent depuis pas longtemps cela fait trois ans que leur amitié dure. Elles habitent dans la même cité. Trois mois que la cité est en ruines, certains côtés ont été rénovés. Seul un endroit est interdit c'est une vieille maison tombée en ruine, elle aurait dû laisser sa place à une nouvelle construction mais les travaux n’ont jamais été commencés. Il y a même un panneau qui indique qu'il ne faut pas s'aventurer de ce côté de la cité, personne n'a jamais su pourquoi. Arrivées pas loin de la maison interdite Marine dit à Melissa :
— Viens on fait demi-tour ?
— Non, on y va, t'inquiète pas il va rien nous arriver.
Il faut faire un choix. Après quelques minutes Marine se laisse convaincre par Melissa. Toutes les deux commencent à avancer main dans la main. Melissa pousse la porte d’entrée mais celle-ci tombe par terre, soulevant des volutes de poussière. Il fait sombre : seuls quelques rayons du soleil illuminent l’endroit. En avançant, malgré que ça fait longtemps que cette maison est en ruine on aperçoit encore un peu le sol. À l'étage dans la salle de bain la baignoire est cassée en plusieurs morceaux. Soudain Marine voit quelque chose briller. En s'approchant elle voit une espèce de couteau : la lame est en forme de flamme et le manche est en cuir. Elle le ramasse et ce couteau s'anime d'une vive lumière rougeoyante, elle a peur et le lâche immédiatement mais ce couteau est toujours animé d'une vive lumière. L'émotion passée, elle va pour le reprendre, mais Mélissa, qui a vu ce qui s’est passé la devance et ramasse le couteau, et, au moment où elle le ramasse elle disparaît. Le couteau lui est toujours là, Marine le regarde un moment et, voulant savoir où son amie est allée, le ramasse prudemment et disparaît elle aussi à son tour.


Elle se réveille sur un trottoir de la cité, avec Marine assise à ses côtés.
— Mais que s’est-il passé, tu as disparu en touchant le couteau et …
— Chut ! Regarde…
Mélissa pointe son doigt sur plusieurs personnes, marchant en face.
Marine voit avec horreur la tête des passants : chat, poisson, lion, chien, souris, girafe, éléphant…
— Mais … que … Haaaaaaaaaaaaa!!!!!!!!!!!!
Melissa lui plaque la main sur la bouche.
— Arrête, ce sont des gens qu’on connaît. J’ai reconnu Amélie et Jonathan, grâce à leurs vêtements.
— Mais ça veut dire que… nos parents aussi… et tous les gens qu’on connaît...
— Je pense.
— Nous devons partir d’ici, avec un petit peu de chance, il suffira de toucher de nouveau le couteau. »

 

Révolte

« Je sens le baiser frais de ma mère sur mon front. Je reprends peu à peu connaissance, je suis allongée sur un lit, à côté de moi, je vois mes parents assis sur le bord du lit, leurs lèvres bougent mais je n'entends rien.
 

Les infirmières font des allers-retours dans toute la pièce, tout paraît silencieux. J'appelle mon père pour signaler que je suis réveillée, ma gorge vibre mais n'émet aucun son !
Suis-je devenue sourde ?? Peut-être suis-je également muette ?? Que s'est-il passé ?? Que vais-je devenir ??
Ces questions résonnent dans ma tête et je rassemble enfin mes souvenirs : ce matin, lorsque je suis partie au collège, il neigeait. Un groupe de garçons de 3ème attendait comme d'habitude à la sortie du tunnel pour racketter les plus faibles. Ils nous prennent portables et bijoux, dès que nous n'avons plus rien à leur donner, ils nous menacent, on ne doit rien dire et leur apporter tous les jours un goûter. Si nous n'avons rien ramené, ils nous frappent, déchirent nos vêtements, volent nos sacs, etc.
Aujourd'hui, j'ai oublié de leur fournir des biscuits.
Craignant le pire, je les ai contournés, mais l'un d'eux m'a aperçue et les autres m'ont ensuite bloqué le passage. J'ai commencé à recevoir des coups et des boules de neige que certains, pour leur propre plaisir, me faisaient avaler et je pris alors la décision de me défendre corps et âme contre eux. Hélas, j'aurais plutôt dû me laisser faire, car plus je me débattais, plus leurs coups redoublaient d'intensité. Mais, je n'ai pas baissé les bras et au bout d'un quart d'heure, je me suis libérée, les bras et les jambes en sang, je me mis à courir, laissant derrière moi mon sac avec toutes mes affaires que je ne reverrais sûrement jamais... Les racketteurs essayèrent de me rattraper mais une nouvelle force m'animait : la colère.
M'apercevant dans cet état, le gardien du collège se précipita vers moi. 5 minutes plus tard, j'étais à l'infirmerie dans un lit peu confortable, des pansements un peu partout sur le corps. Quand le principal m'interrogea, tout en sachant ce que je risquais, j'ai tout raconté, sans oublier les noms de chaque personne de ce groupe qui, par la suite, ont été convoquées et renvoyées. Vers 13h, je repris les cours mais me sentais assez faible.
En rentrant chez moi, j'ai été coincée dans une petite impasse et ils ont à nouveau recommencé pour se venger de ma soi-disant trahison.
Je commençai à me battre mais ils étaient cinq et j'étais seule. En plus, mes amies ne sont pas dans la même classe que moi et avaient fini les cours une heure avant moi ; elles ne pouvaient donc pas m'aider. Je commençais à perdre espoir : du sang coulait abondamment de mon nez, mon poignet était cassé, ma cheville probablement foulée et mon genou formait un angle inquiétant. Tout à coup, une enfilade de voitures de pompiers et de police passa dans la grande rue perpendiculaire à l'impasse dans laquelle je me trouvais. Une force soudaine m'anima et je fis croire aux Troisièmes qu'un phénomène étrange se produisait dans le ciel. Je courus alors vers les voitures. Un policier me remarqua mais il était trop loin et ne pouvait pas faire demi-tour car une autre voiture se trouvait derrière lui. J'espérais son retour car les Troisièmes s'étaient aperçus de ma supercherie. Ils me lancèrent un regard noir avant de me foncer à nouveau dessus.
Rassemblant tout mon courage je criai de toutes mes forces pour qu'un autre policier me remarque. Il se situait près d'un imposant immeuble délabré. En m'entendant, il se retourna et plissa les yeux dans ma direction. Je l'entendis crier en direction d'un autre policier puis je tombai à la renverse. Un Troisième s'était élancé vers moi et m'avait plaquée violemment au sol pour me faire taire. J'entendis au loin une sirène. Ensuite, un homme se précipita vers moi puis, plus rien. J'avais perdu connaissance.
Voici tout ce dont je me souviens.»

 


Retrouvez les livres de l'auteur dans les Médiathèques d'Antony.


Mots-clés ,

Partagez


  1. Lien croisé

    Anonyme
    Lundi 05/05/2014 à 14:16
  2. Lien croisé

    Anonyme
    Mardi 15/07/2014 à 16:51

    Site des médiathèques d'Antony : "Dargaud2014Une fois n'est pas coutume, un auteur de BD nous fait voir la salle de classe à travers les yeux d'un prof. Et pour ca...samedi 3 mai 2014 15:50Le conte de fée sel"

  3. Lien croisé

    Anonyme
    Jeudi 25/09/2014 à 10:45

    Blog de Charlotte Bousquet: Rencontres et compte-rendus : "Ici, la lecture d'un texte écrit à partir d'un de mes romans, Nuit tatouée. Le compte-rendu complet est à lire ici. Un autre article fait le compte-rendu de l'atelier d'écriture : au menu, contes et cadavres exquis. Il se trouve là."