Ederlezi est le titre du dernier roman de Velibor Colic. Né en Bosnie dans une ville qui n’existe plus aujourd’hui, réfugié en France depuis 1992, l’auteur a publié ses premiers ouvrages en serbo-croate et écrit désormais directement en français. Il a reçu récemment le prix de l’Académie française du Rayonnement de la langue et de la littérature françaises pour l’ensemble de son œuvre.

Le héros de cet étonnant récit lyrique à l’écriture maîtrisée et à l’insolente fantaisie se nomme Azlan. Figure du Rrom errant éternellement, il est chanteur, poète, conteur, bagarreur parfois, toujours séducteur, grand buveur et bourlingueur. A sa suite, entre rires et larmes, le lecteur voyage de villes en villages, traverse en toute liberté les frontières sur les traces d’un fameux orchestre tsigane qui meurt et renaît sans cesse, au gré des incertitudes et des remous de l’histoire du XXème siècle.

Tout en restituant avec bonheur la folie et la magie de la musique tsigane, - Ederlezi est aussi le nom d’un chant traditionnel des Balkans dont il existe de multiples interprétations - Velibor Colic parle d’un peuple qui, en 1943, succomba aux camps d’extermination, qui subit durement en 1993 la guerre en ex-Yougoslavie et qui continue aujourd’hui d’être victime de nombreux préjugés. Etranger à tous, stigmatisé par tous les peuples qu’il côtoie, le peuple tsigane incarne sans doute l’altérité radicale, celle avec laquelle l’humanité a tant de mal à composer.

La lecture récente de ce surprenant roman vient à propos pour rappeler les moments forts du cycle « Rroms, Gitans, Tsiganes en Europe » qui a eu lieu en novembre 2014 à la médiathèque Arthur Rimbaud.

Rroms, Gitans, tsiganes… de qui parle-t-on ?

En Europe, selon les historiens, la variété des appellations est le reflet de la diversité des populations concernées ainsi que des représentations dont elles font l’objet dans les sociétés au sein desquelles elles vivent depuis plus de 600 ans.

Pour répondre à cette question et tenter de comprendre pourquoi les clichés véhiculés sur ces populations sont si tenaces, vous avez été nombreux à venir rencontrer l’ethnologue Martin Olivera lors d’un débat société animé par l’association Rencontres et débats autrement. Martin Olivera a mené de nombreuses enquêtes sur le terrain, notamment chez les Rom Gabori en Roumanie et il s’intéresse tout particulièrement aux squats et bidonvilles roms en région parisienne. Il est l’auteur d’un court essai tout en nuances Roms en (bidon)villes, un petit livre incontournable pour qui s’intéresse au sujet, qui donne une information de base et présente les problématiques qui se cachent derrière les faits divers et les discours tout faits sur les Roms.

La curiosité des jeunes pour le sujet a été satisfaite également : dix classes des collèges Anne Franck, Henri-Georges Adam et François Furet ont bénéficié de séquences guidées autour de l’exposition « Opre Roma, demain le monde » proposée par RomEurope et quarante collégiens et leurs enseignants ont rencontré à la médiathèque Anina Ciuciu jeune auteure Rom presque de leur âge, -elle a 23 ans !-  après avoir lu avec intérêt son livre-témoignage Je suis tzigane et je le reste. Elle raconte son voyage entre Roumanie et France et décrit surtout sa communauté qui a une culture et une histoire.

Ces diverses rencontres ont été programmées avec l’aide du centre ressources de la FNASAT (Fédération Nationale des Associations Solidaires d’Action avec les Tsiganes et les Gens du voyage) et la LDH (ligue des Droits de l’Homme). Nous les remercions.

Pour aller plus loin, une sélection de livres films et musique :

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