Que ce soient Christine Angot, Maurice Druon, Philippe Besson, Delphine de Vigan, Pierre Lemaître… les éditeurs constatent un véritable engouement pour les récits (auto)biographiques et historiques (centenaire de la Grande guerre oblige).
Je me permets ici de réorganiser des idées jetées parfois tout à trac par le participants et d’y ajouter une touche personnelle puisque…vécu ou fiction, là est la question !
Participants : Philippe Janeada (Julliard), Marie Desplechin (Gallimard jeunesse), Muriel Beyer (Plon), David Rey (Librairie Atout livre), Philippe Besson (Juliard)
Cette conférence était animée par François Vey, rédacteur en chef du Parisien magazine.
Le romancier est-il devenu le principal concurrent du biographe ?
Johnny, Bernadette et les autres, plus vrais que nature !
Muriel Beyer, directrice littéraire des éditions Plon, s’intéresse aux « vrais gens ». En 2010, elle crée la collection Miroir qui s’attache à réinventer la vie de grandes figures historiques, qu’il s’agisse d’artistes, d’hommes politiques…
C’est elle qui est à l’origine de la biographie de Johnny Hallyday Dans mes yeux, de La Conversation de Bernadette Chirac avec Patrick de Carolis.
Quel est le rôle et l’apport de l’écrivain dans ces récits biographiques ? La romancière Amanda Sthers qui a écrit la biographie de Johnny le dit très bien : «J'ai cherché à écrire avec les mots de Johnny, en les assemblant comme il l'aurait fait s'il avait été un écrivain.»
Pourquoi la littérature emprunte-t-elle tant à la réalité ?Philippe Besson :
-Parce que la réalité est parfois très romanesque !! « Les vies de Proust ou de Rimbaud sont un défi à l’entendement ! ».
-Les lecteurs ont envie de savoir que l’histoire qu’ils lisent est vraie. Ils aiment rentrer dans l’intimité de l’auteur et ressentir une empathie plus sincère.
Philippe Jaenada :
-les livres sur les personnages célèbres fleurissent davantage aussi grâce à la multiplication des sources depuis l’arrivée d’Internet. Lui-même est tombé par hasard sur l’histoire d’un braqueur connu dans les années 80 et en a fait un livre, Sulak, roman biographique fascinant.
La confrontation du réel et du romanesque mène à des conséquences parfois extrêmes :
Prenons l’exemple de l’autofiction En finir avec Eddy Bellegueule d’Edouard Louis, succès littéraire de la rentrée 2014. Cet écrivain de 21 ans y raconte son enfance difficile de jeune homosexuel moqué par sa famille et son village. Ce livre qui se dit roman a suscité une vraie polémique pour sa dimension autobiographique. La fusion entre le narrateur et l’auteur est totale. La famille et le gens du village ont réagi avec beaucoup de violence, reniant avec véhémence les « mensonges » de l’auteur.
Le roman de Philippe Besson Son frère a lui aussi fait polémique. Ce livre, écrit sous la forme d’un témoignage, trouble le lecteur qui ne se rend pas compte qu’il est dans la fiction. Quand l’auteur précisait à ses lecteurs que son frère allait très bien, ces derniers étaient choqués qu’il ait pu tuer ainsi son frère et déçus d’avoir été trompés !
« C’est un livre où mes peurs intimes, mes désirs intimes existent et figurent, mais je ne suis pas dans le privé car mon frère n’a jamais été malade »
Chercher à décrypter la réalité de la fiction est un réflexe naturel du lecteur. Ce dernier éprouverait ainsi une empathie qui irait au-delà de l’émotion littéraire. Mais doit-on lire un roman comme un magazine people ?
Fiction-réalité en littérature : frontière ténue ?
En fait, pour Marie Depléchin « C’est la fiction qui contamine le réel et non l’inverse », « le fait de vivre est une fiction, c’est notre mémoire réaccommodée »…
-Il y a une grande porosité entre histoires vraies et fiction. La mise en fiction ou le récit purement autobiographique partent tous deux de souvenirs appréhendés avec une certaine sensibilité, une culture, une expérience unique à son auteur.
-L’intérêt du roman-réalité par rapport à la simple retranscription journalistique, c’est l’éclairage du romancier sur le personnage ou les faits. Bizarrement, note Philippe Besson, alors que le romancier est moins exact, moins factuel, moins fidèle à la réalité historique, il donne mieux à entendre ce dont il parle. « Tout n’est pas entièrement vrai mais tout me semble vraisemblable ». Cette part de recomposition du réel rend les personnages plus accessibles.
Alors, fiction ou pas, l’ambiguïté n’est-elle pas finalement une richesse pour le lecteur comme pour l’auteur ? Elle laisse au lecteur une part de mystère dont il est le seul à définir les limites et permet à l’auteur de nous livrer des pans d’intimité réelle « sous cape » !
Mots-clés salon du livre, conférence, romancier, biographe
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Jeudi 17/04/2014 à 12:34
Site des médiathèques d'Antony : "ière Jeunesse 20132050, Angleterre. Kyla, 16 ans, se réveille dans une chambre d'hôpital, sans le moindre souvenir. Elle...mercredi 16 avril 2014 10:49La vraie vie racontée comme"
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Mardi 15/07/2014 à 16:52
Site des médiathèques d'Antony : "e Jeunesse 20132050, Angleterre. Kyla, 16 ans, se réveille dans une chambre d'hôpital, sans le moindre souvenir. Elle...mercredi 16 avril 2014 10:49La vraie vie racontée com"