Nous avons eu le plaisir de recevoir le Pr Gilles DOWEK, pour son dernier livre « Le temps des algorithmes », coécrit avec son collègue de INRIA, Serge Abiteboul.
Les bibliothécaires de la commission Sciences de Bib92 ont proposé ce titre pour la sélection du prix Science se Livre à l’automne 2017 et la qualité pédagogique et vulgarisatrice de ce livre a été récompensée par le Prix 2018 de la Science se Livre.



Le mot « algorithme » est, ces derniers temps, très utilisé. Existant depuis les années 1230, ce « procédé permettant de résoudre un problème » – comme une recette de cuisine ou une addition ou encore une recherche dans un dictionnaire en version papier - a eu tout de suite une signification scientifique mais c’est au XXe siècle, avec les machines informatiques, qu’il a gagné en popularité.
Car les machines permettent d’exécuter les algorithmes….

Quand deux brillants pédagogues et informaticiens se rencontrent, ça donne une mine de réflexions sur ces algorithmes qui transforment les notions de travail, de propriété, de gouvernement, de responsabilité, de vie privée ou encore même d'humanité !
Quelles sont les activités humaines qui consistent à traiter les informations ? Médecin ? Bibliothécaire ? Avocat ? Enseignant ?

Enseignement : Ce seraient donc les premières professions menacées par les algorithmes… Mais il ne faut pas négliger les aspects humains, relationnels de ces métiers. Pourtant, un algorithme pourrait corriger efficacement des copies. Disons que pour une tâche répétitive, simple, ennuyeuse, l’algorithme serait bienvenu. Les métiers peu qualifiés sont alors les premiers menacés par la robotisation.
Mais la numérisation d’un bon cours est bénéfique pour que plus d’étudiants le suivent, notamment dans les pays où il y a peu d’accès à l’enseignement.

Travail : les grandes idéologies de tout bord qui rythment la politique ont érigé la valeur « travail » en élément central de la vie des gens. Mais si le travail est fait par des machines, il est temps de trouver une nouvelle valeur centrale.

Propriété : cette valeur est également mise à mal : si une pomme peut être partagée entre plusieurs personnes, avec une fraction de pomme par personne, un fichier .mp3 peut être partageable sans qu’il soit nécessaire de le couper.

Gouvernement : les grandes institutions sont aussi à repenser : quid du département, découpé à l’époque où une journée à cheval suffisait pour transmettre une information, maintenant qu’un courriel l’envoie en peu de temps à des milliers de kilomètres ?

Humanité : le principe humaniste de la fin du XVe siècle stipule notre singularité mais….nous nous interrogeons sur les droits des animaux, nous repensons l’éthique qui fonde une bonne partie de nos comportements et nous sommes obligés, pour mettre en place l’avion de transport de passagers ou la voiture sans pilote, de réfléchir à la décision qu’une machine devra prendre un jour pour préserver des vies humaines ?

Ah, ces algorithmes, nous nous réjouissons qu'ils nous facilitent la vie mais redoutons qu'ils nous asservissent. Ce sont les outils les plus sophistiqués que nous ayons à disposition. Ils sont ce que nous avons voulu qu'ils soient. Et nous sommes sortis de la salle ce matin avec non seulement des réponses claires à nos questions mais encore de nouvelles réflexions.

Alors nous pouvons relire Asimov et les auteurs de SF visionnaires sur les 3 lois de la robotique.


Mots-clés Sciences, conférences, algorithme, société