La liseuse

Paul Fournel

P.O.L
2012

Ma sœur m’ayant offert une liseuse cet été, j’ai tout de suite été attirée par le titre du de Paul Fournel encore que là, il a en fait un i-pad entre les mains plutôt qu’une véritable liseuse.

Donc un jour, Robert Dubois, éditeur, se voit attribuer une liseuse par une stagiaire. Au lieu d’emmener un cartable rempli de manuscrits pour sa fin de semaine, tout va se trouver sur cette liseuse…

Voilà donc notre narrateur avec sa liseuse. Il part à la campagne, la fait peser par son boucher : 730  grammes ! De retour à Paris, il reprend son emploi du temps d’éditeur, réception des représentants, déjeuners avec les auteurs à sa cantine favorite, rue du dragon. C’est l’occasion pour l’auteur de nous faire un panégyrique de l’artichaut (en le lisant je me suis demandée si les générations à venir sauraient encore ce que c’est que de manger un artichaut !). Robert Dubois continue de tester la liseuse. Au bistrot avec une tasse de café, ça passe. Au restaurant c’est plus difficile, moins de place.

Blague à part, tout l’intérêt du livre réside dans l’attitude de cet éditeur. Après un moment de flottement, il adopte l’outil, entreprend de monter une petite entreprise avec les stagiaires de la maison d’édition, qui continue de porter son nom mais dont il n’est plus propriétaire. Les auteurs sont mis à contribution sous forme de feuilletons, de devinettes…Les idées fusent.

Vous l’aurez compris au ton de ma chronique, il y a beaucoup d’humour dans ce court . L’auteur est oulipien (OULIPO « ouvroir de littérature potentielle ») et il a l’habitude de travailler la langue. Cela donne des expressions savoureuses. Par exemple, pour qualifier un auteur qui fréquente beaucoup les librairies pour des dédicaces : « Geneviève est de la race des Signeurs » (p. 58).

Outre le ton, Paul Fournel aborde des questions de fond concernant le nouveau rapport entre les textes et les supports induit par ces techniques. Que veut-on exactement : remplir les « tuyaux » avec de l’existant ou bien créer du nouveau ? Et là, à travers les stagiaires, Paul Fournel ouvre des pistes : « les écrivains électroniques par anticipation » (p.137) : les textes sont relus à l’aide d’une grille technique qui permet de réaliser des potentialités intéressantes.

Voilà qui peut faire grincer des dents. Et pourtant, moi qui ne suis pas une fervente oulipienne, j’ai été bluffée par ce texte que je vous recommande très vivement tant il s’insère dans une période charnière. Tous en tant que professionnels, libraires, éditeurs, bibliothécaires, nous nous interrogeons sur l’avenir du livre papier, sur le devenir des librairies et des bibliothèques-médiathèques.

Et au-delà de ces questions, il s’agit de l’avenir de la lecture. De fait, la concurrence est rude avec les écrans, car il y a les jeux, les films,  les réseaux sociaux et tout cela est chronophage. Mais au fond, peu importe le support tant qu’il y aura des lecteurs !

Retrouvez ce roman dans les médiathèques d'Antony


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  1. Lien croisé

    Anonyme
    Vendredi 06/04/2012 à 20:24

    La liseuse - Detail - Ermes : "ns son métier. La vie continue pourtant, Dubois déjeune avec ses auteurs, rencontre les libraires, mais il porte sa liseuse sous le bras, qui lui parle déjà d'un autre monde.Description: 216 p.. 21 x 14 cmSur nos sitesLa liseuse sur le blog des médiathèquesTous les romans chroniqués sur le GlobÉvaluation des lecteurs :"