Nous nous retrouvons pour cette avant-dernière chronique autour de l'art du portrait en bande dessinée avec le grand œuvre de David Vandermeulen, la biographie monstre du chimiste allemand Fritz Haber auquel Madé s'est attaqué.

L'Esprit du temps

"Fritz Haber, est une série de bande dessiné réalisée par David Vandermeulen, publié aux éditions Delcourt en 2005. Nous nous intéresserons particulièrement au tome 1, L’Esprit du temps. Nous commencerons par porter un rapide regard sur le parcours de l’auteur, puis nous présenterons l’œuvre et tenterons de vous transmettre l’intérêt pour la richesse que suscite une telle lecture.

Underground belge

David Vandermeulen est né en 1968 à Bruxelles. C’est l’un des représentant de la culture Underground belge. Il est à l’origine de la création d’un café concert, Le Galactica, dans lequel se tient des pièces de théâtre et des expositions. Amateur de bande dessiné, il crée sa propre maison d’édition en 1997, Clandestine Books et commence la production de ses albums. Il est à l’origine de nombreux projets littéraires et il est aussi actif sur d’autres pans du monde le l’art. Sa plus ambitieuse oeuvre, en tant que badéaste, est encore en développement, il s’agit de Fritz Haber. C’est, en outre, sur cet ouvrage que nous portons notre intérêt dans ce billet.

Personnage difficile à comprendre

L’humanité n’est-elle pas plus noble que le nationalisme ? L’identité culturelle peut-elle s’émanciper de l’identité religieuse ? Ce sont des questions d’actualité que David Vandermeulen soulève au travers du regard de la vie de Fritz Haber. Fritz Haber est un grand scientifique juif allemand qui a vécu de 1868 à 1934. Il est souvent considéré comme le père de la guerre chimique moderne. En effet, ses recherches permettent la production de Zyklon B, utilisé par les nazis lors de la Shoah. C’est un personnage difficile à comprendre par la dichotomie de ses origines et de ses actions qui rende sa vie très sombre. Il est la preuve que l’homme est sa propre fin et que son ambition de s’élever comme le meilleur des vivants le rend complice du plus grand des crimes.

Regard qui tend à être objectif

Il s’agit, dans cette œuvre, ni de faire son procès, ni de l’excuser car le regard tend à être objectif, et le lecteur est poussé à relativisé les actions de Fritz Haber qui n’a pas le recul que permet l’histoire sur son travail. Il essaie de comprendre l’état d’esprit ambitieux sciences qui repousse ses convictions religieuses pour se faire une place au sein des élites scientifiques qui sont antisémites et qui n’acceptent pour seule revendication identitaire un nationalisme allemand incompatible avec le judaïsme.

Caractère historique de l’œuvre

L'ouvrage est très esthétique, il se démarque de la bande dessiné classique car les dialogues d’ordinaire en bulle apparaissent à la manière de sous-titres ou d’intertitres de cinéma muet. Le style est réaliste dans les tons sépias, ce qui rappelle les images d’archive et renforce le caractère historique de l’œuvre."

Madé C.

Images : © DELCOURT / David Vandermeulen

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