L’histoire commence dans une forêt sombre et par une nuit noire. Deux enfants apeurés trébuchent pour se relever aussitôt, pourchassés par une noirceur plus grande encore.

Changement de décor et ambiance plus légère à Vienne à la fin du XIXe siècle, et une énigme: qui est cette jeune fille retrouvée nue, blessée et amnésique près de l’hôpital psychiatrique ? Elle ne pense qu’à la mission dont elle se croit investie : tuer le monstre.

Joseph Breuer, mentor de Sigismond Freud, la recueille et cherche à faire la lumière sur le passé de celle qu’il nomme Lilie.

Et que dire de Krysta, petit tyran capricieux nourri de contes à faire dresser les cheveux sur la tête par une vieille nourrice et qui terrorise les domestiques ? Elle grandit en Allemagne et son père est médecin dans un zoo bien étrange…

Ce sont deux récits, deux temps qui s’interpellent et s’entremêlent dans ce récit foisonnant. L’atmosphère y est sombre et parfois angoissante, mais rien n’y est gratuit. L’auteure fait appel aux contes, ceux que nous connaissons tous (Hansel et Gretel, le petit Poucet, le joueur de flûte de Hamelin entre autres) pour tisser son récit. N’oubliez pas, les contes sont cruels et parlent de cauchemars et de peurs anciennes. Ils parlent de la réalité, notre réalité, aujourd’hui sous couvert d’histoires pour enfants, mais ils sont bel et bien des avertissements. Le lien avec notre roman ? Ils adoucissent et amplifient à la fois la dureté de l’intrigue et les horreurs de notre propre passé. Ils nous rappellent la force de notre imagination, qui nous fait voir la réalité autrement.

Alors oui, Gretel and the Dark porte bien son titre. Il est perturbant, stressant, et noir, autant qu’un thriller psychologique où le tueur est inhumain dans sa folie (vous en croiserez des équivalents, d’ailleurs, je vous préviens). Mais ce roman, le premier d’Eliza Granville, est aussi fascinant, subtil et finalement beau. Peut-être vous rappellera-t-il, comme à moi, le Labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro.

Partagez