Cris

Lu Xun

Albin Michel
2000

Considéré comme le plus grand écrivain chinois du XXe siècle, Lu Xun (1881-1936) a marqué la littérature à la fois sur le plan théorique et sur le plan politique. Le régime communiste l’a d’ailleurs élevé au rang d’écrivain national et ses textes sont aujourd’hui étudiés dans toutes les écoles chinoises.

Lu Xun est d’abord connu pour sa défense passionnée de la langue vernaculaire (baihua), qui devait, selon lui, remplacer la langue classique dans les oeuvres littéraires. Cela n’empêche pas ses textes d’être émaillés de nombreuses citations érudites (souvent, il est vrai, pour les tourner en dérision).

Son style subit aussi l’influence d'auteurs occidentaux tels que Darwin, Nietzsche, Gogol et Tolstoi (à qui est emprunté le titre de la nouvelle Le Journal d’un fou). En outre, son séjour au Japon et son attirance pour les sciences contribuent aussi à faire de lui un écrivain moderniste. Il critique sévèrement la morale confucéenne, la hiérarchisation de la société, et la médecine traditionnelle. Cependant, sa volonté de faire table rase du passé cède peu à peu la place à un désir de progrès tenant compte des traditions, notamment des coutumes rurales du bas-Yangtse (voir les Terre natale et l’Opéra du Village).

Le recueil de Cris comprend notamment Le journal d’un fou, considéré comme un véritable manifeste littéraire, et l’édifiante histoire d’a-Q, longue et célèbre nouvelle se déroulant pendant les mouvements révolutionnaires de 1911 (c’est-à-dire à la chute de la dynastie mandchoue).

L’écriture de ces est contemporaine du Mouvement du 4 mai 1919 (ou Mouvement pour la Nouvelle culture). A l’issue de la Première Guerre mondiale, un front d’opposition aux ambitions territoriales du Japon provoquent des manifestations étudiantes, des appels au boycott, et des grèves paralysant le pays. Au-delà de leurs sentiments nationalistes, c’est bien une à démocratisation du pays qu’appellent ces intellectuels, dont Lu Xun est le plus célèbre représentant.


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