Années 20 : de jeunes japonaises émigrent en Californie pour rejoindre leurs futurs maris, des compatriotes dont elles ont vu la photo sur catalogue mais qu’elles n’ont jamais rencontrés.
Malgré la traversée éprouvante, proche du transport d’esclaves, toutes rêvent de trouver en Amérique des conditions de vie meilleures et espèrent une renaissance, « parce qu’à présent nous étions sur le bateau, le passé était derrière nous et il n’y avait pas de retour possible ».
A l’arrivée, la déception est immense. Elles découvrent qu’on leur a menti, que leurs fiancés ne ressemblent pas aux photos. Ils sont vieux, rustres, ont de dures conditions de travail.
Comme leurs époux, elles deviennent « invisibles », corvéables à merci, affrontent racisme, indifférence et mépris. Elles donnent naissance à des enfants qui ne sont pas Japonais ni vraiment Américains et qui parfois ont honte de leurs parents et les rejettent.
Au début de la 2de guerre mondiale, la suspicion pesant sur les immigrants japonais, elles sont à nouveau exilées, déportées et internées avec leurs familles dans des camps et disparaissent. Leurs maisons sont fermées, abandonnées. Ont-elles existé ?
Pas de personnage principal dans ce roman choral court et sobre, tout en force retenue, mais des personnages multiples, des trajectoires individuelles qui se mêlent en un «nous» incantatoire, jusqu’à la litanie, exprimant avec une poésie rare l’histoire collective. On pense aux haïkus, aux estampes japonaises. Surprenant et bouleversant.
Julie Otsuka est née en 1962 en Californie d’une mère américaine d’origine japonaise et d’un père japonais. Voix essentielle de la littérature américaine contemporaine, elle a obtenu pour ce roman à forte teneur (auto)biographique le Pen/Faulkner Award Fiction 2012 et le Prix Fémina Etranger 2012.
Retrouvez ce roman dans les Médiathèques d'Antony.
Olivier Adam présente, Julie Otsuka, "Certaines n'avaient jamais vu la mer", Phébus from Filigranes Tv on Vimeo.
Mots-clés roman, Etats-Unis, prix des médiathèques d’Antony 2013