Libre, seul et assoupi

Romain Monnery

Au Diable
Vauvert
2010

En ces temps de crise et de revendications sociales, comment ne pas voir dans ce roman de Romain Monnery le reflet d’une société qui n’a pas grand chose à offrir aux jeunes.

L’auteur, dont c’est ici le premier roman, nous fait le portrait de « Machin », le narrateur de l’histoire, un anti-héros des temps modernes. Son but avoué est de ne surtout rien faire. Dormir, rester allongé, regarder la télé, tel est son leitmotiv.

« Machin » refuse de grandir, de devenir adulte .D’ailleurs, ses parents l’ont bien compris et décident de le mettre à la porte pour tenter de le sauver ou de se débarrasser de ce fils qui ne correspond pas à leurs attentes, aux attentes de la société.

Le jeune homme se trouve alors confronté à la dureté de l’existence. Il va tenter la colocation, les stages, pour finalement s’accorder du temps libre en vivant du RMI. Mais bientôt, tout se fissure et il va devoir sortir de sa philosophie de vie pour trouver un travail alimentaire.

Ce roman peut en agacer plus d’un. Il est vrai que ce jeune homme a tendance à nous exaspérer par sa nonchalance coutumière, son désir de ne rien faire et sa façon de vivre grâce aux allocations qu’il ne manque pas de faire valoir. Cette attitude peut apparaître choquante aux yeux de tout à chacun. En effet, comment peut-on accepter un tel comportement ? Nous livrer un récit sur l’oisiveté, sur un personnage qui passe son temps à regarder des séries télévisés, quoi de plus ronronnant.

Mais l’auteur a réussi le tour de force de tenir le lecteur jusqu’au bout de son roman, malgré le manque d’énergie, d’ambition et de courage de ce personnage. Cela grâce à son style divertissant, ses chapitres courts, ses propos moqueurs, son sens de la formule. Malgré quelques longueurs, ce livre est intéressant parce qu’il fait le portrait d’une génération d’enfants sacrifiés, perdus, à qui l’on offre que des stages en attendant de voir mieux. L’auteur nous offre une vision assez réaliste de la société : stage sous-payé, la difficulté de trouver un logement quand on n’a pas de garants et au chômage de surcroit, la compétition du monde du travail.

Cette difficulté de se projeter dans l’avenir, le refus pour certains jeunes de grandir, certains choisissant le suicide comme dernière issue, est le sujet de fond de ce roman somme toute déroutant mais salutaire, pour les lecteurs qui ne veulent pas s’assoupir .

Un roman à recommander aux parents d’ados/adultes qui passent leur temps devant la télé !

Retrouvez ce roman dans les médiathèques d'Antony

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