OQO
2011

C’est l’histoire d’une baleine solitaire qui parcourt la mer à la recherche des siens et d’un chasseur qui la poursuit sans relâche. Manquerait plus que le chasseur en question ait une jambe de bois et que la baleine soit blanche. Encore une adaptation de Moby Dick ?(1)

Sauf qu’ici, il ne s’agit pas de vaine vengeance. Il ne s’agit pas non plus vraiment d’un questionnement sur l’utilité de la chasse : pour manger ou pour le plaisir ? Plutôt une méditation sur un personnage solitaire, observateur, qui parcourt les mers et les saisons et qui, à force de contempler les astres pour se diriger, finit par avoir la tête dans les étoiles. Chasseur, baleine, lecteurs, tous baignent en pleine poésie.

La plume de Paloma Sánchez est leste ; elle accompagne avec douceur son personnage aux prises avec les forces de la nature : « La nuit tombe… L’obscurité se baigne dans le mer. » Quant aux illustrations, Iban Barrenetxea, particulièrement inspiré par la quête du chasseur, compose des tableaux magnifiques tout droit sortis de l’univers de Méliès (2), avec en prime de jolies trouvailles graphiques : une boussole avec une aiguille en forme de queue de baleine ; le bateau qui vogue sur une mer de feuilles mortes, pour marquer le début de l’automne ; ou encore le flanc de la baleine, recouvert de marques, de blessures qui racontent son histoire, contre d’autres chasseurs, les falaises, les coraux…

En fin de compte, chasseur et baleine sont semblables sous l’immensité du ciel, tous deux arpentant les mers seuls, interrogeant sans cesse leur condition d’homme et de bête. A la nuit tombée, le chasseur lève les yeux au ciel et, la tête dans les étoiles, part dans un rêve où il chevauche la baleine.

Retrouvez cet album dans les médiathèques d'Antony

(1) Découvrez à cette occasion la très belle adaptation en BD de Patrick Mallet, Achab, en 3 tomes.

(2) Vous trouverez sur notre réseau quelques courts films du prestidigitateur-cinéaste dans Méliès ainsi que des informations dans Méliès, le Cinémagicien

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