La faim dans le monde aujourd’hui…avec Bruno Parmentier

Ingénieur des mines et économiste, Bruno Parmentier, ancien directeur de l’école supérieur d’agronomie d’Angers, le plus grand Groupe français d’enseignement supérieur en agriculture, alimentation et développement rural est venu nous parler, dans le cadre de notre cycle « l’assiette » du problème de la faim dans le monde.

Auteur d’un livre très documenté  « Nourrir l'humanité » aux éditions La découverte, il propose des pistes pertinentes pour relever un défi gigantesque : doubler la production alimentaire mondiale d’ici 2050 pour nourrir 9 milliards de personnes, et ce, avec moins de ressources naturelles disponibles et moins de chimie.

Afin de faire passer la pilule, c’est avec beaucoup d’humour et une bonne dose de provocation que Bruno Parmentier a dressé un état des lieux de la situation mondiale.

 

Il est parti d’un constat : En 1900, 800 millions de personnes avaient faim / en 2017, 800 millions de personnes ont faim. Doit-on se réjouir ou déplorer que ce chiffre stagne sachant que la population mondiale a beaucoup augmenté…Même si le pourcentage d’affamés a décru, un enfant meurt de faim toutes les 10 secondes sur la terre. Un milliard de gens mangent chaque jour un seul aliment (riz, manioc par exemple) et sont malnutris.
 

La carte de la faim a évolué :

-L’Europe ne souffre plus de famine, la Chine, le Vietnam et L’Amérique (excepté Haïti) sont aussi en train d’éradiquer le fléau.

-la faim ne cesse d’augmenter dans la région indo-pakistanaise et en Afrique subsaharienne.

80% des affamés sont des paysans. Bruno Parmentier nous évoque alors le livre de Robert Linhart : « Le sucre et la faim » (1981) qui l’a beaucoup frappé. Dans ce livre, Linhart décrit les conditions des ouvriers agricoles coupeurs de canne à sucre au Brésil au début des années 1980. Il explique qu’on les paye tellement peu qu’ils ont faim et sont ainsi forcés de retourner travailler.

 

Il existe aussi des facteurs aggravants de la faim :

-Le réchauffement climatique qui fait que les déserts s’étendent, les nappes phréatiques se tarissent, les catastrophes naturelles se multiplient, les populations de réfugiés climatiques augmentent.

-le manque d’Etat ou la cupidité des états qui préfèrent se battre pour des richesses pétrolières ou minières que pour nourrir les populations (RDC, Venezuela, Algérie)

-Les guerres qui causent encore plus de réfugiés, politiques cette fois.

-le gâchis alimentaire. À l’échelle du monde, l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) déclare qu’un tiers de la nourriture est « gaspillé avant même d’être consommé » !! ,  en particulier aux Etats-Unis où 40 % de l'alimentation disponible est jetée…

-Enfin, les habitants de pays émergents prospères adoptent de nouvelles habitudes alimentaires plus riches en protéines animales. La chine par exemple a multiplié par 8 sa consommation de viande depuis 1980…Or il faut entre 9 et 11 kilos de céréales pour produire un kilo de bœuf. Ce rapport tombe à 6 pour le cochon et 4 pour le poulet. A ce rythme la planète ne pourra plus nous nourrir.

 

Face à ce constat alarmant, il faut agir. La paix du monde nous dit Bruno Parmentier est liée aux incidents climatiques dans les zones céréalières.

 

La faim n’est pas une fatalité mais une production de l’indifférence de l’homme.

Des solutions existent : Le XXIème siècle sera celui de la biotechnologie.

L’agriculture doit être réinventée et devenir écologiquement intensive. Il va falloir cultiver plus avec moins de ressources.

Une solution pour augmenter la production nous dit Bruno Parmentier serait de mélanger les cultures, de pratiquer la permaculture. Il faut aussi développer l’agriculture en ville, multiplier les jardins potagers dans les grandes villes du tiers monde. A la Havane, 800  millions de personnes pratiquent une agriculture urbaine bio et ainsi 70 % de ce qu’on mange à la Havane est produit sur place.

 

Le Brésil avec son programme « Faim zéro » montre lui aussi qu’on peut remporter des victoires sur ce fléau quand l’Etat s’implique.

La méthode a été exemplaire : Distribution d’une allocation familiale de 40 euros par personne chaque mois assortie de certaines conditions, renforcement de l’agriculture familiale via le crédit et l’assurance, achat public de produits alimentaires (au moins 30 % venant de l’agriculture familiale).

D’autres exemples positifs existent comme « la grande muraille verte » qui projette de planter 7100 km de verdure du Sénégal à Djibouti pour lutter contre la désertification.

Je vous encourage à lire les ouvrages de Bruno Parmentier pour en savoir davantage.

 

Et en attendant, chacun de nous peut, à son échelle déjà, limiter sa consommation d’eau, de viande, éviter le gaspillage alimentaire, soutenir les ONG et manger des légumes cabossés !



Faim Zéro : En Finir avec la faim dans le monde

Nourrir l'Humanité : les grands problèmes de l'agriculture mondiale au XXIe siècle

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