Fatherland

Nina Bunjevac

1975. Peter Bunjevac, Serbe nationaliste exilé au Canada, vit à Toronto avec sa femme et leurs trois enfants. Il appartient à une organisation anti-communiste qui milite pour l'indépendance de la Serbie. Sa femme, soupçonnant la nature de ses activités militantes et craignant pour la sécurité des enfants, le persuade de la laisser partir passer des vacances avec les enfants chez ses parents, en Yougoslavie.

Peter accepte mais, méfiant quant aux intentions réelles de sa compagne, exige que leur fils aîné, Petey, alors âgé de 7 ans, reste avec lui au Canada. Terrible décision pour la mère : abandonner l' un de ses enfants pour mettre les deux autres en sécurité, ou bien risquer la vie des trois. Elle décide de partir avec ses filles. Ce qui devait être un voyage de quinze jours deviendra un séjour de quinze ans, la famille demeurera séparée à jamais.

Nina Bunjevac raconte la vie de son père mais aussi de toute sa famille (ascendants compris, qui avaient déjà émigré en Amérique avant de rentrer). Elle dresse ainsi un panorama assez passionnant de l'histoire yougoslave au 20e siècle, à la fois didactique (avec cartes et narratifs) et sensible, passant de la grande histoire à la petite. Elle réussit surtout à garder ses distances avec l'émotion facile. Elle ne juge pas, quels que que soient les actes commis, faisant confiance au lecteur pour se faire une idée. Le questionnement porte sur l'identité, qu'elle soit nationale ou personnelle. Et comment celles-ci interagissent.








Un noir et blanc magnifique qui tend vers le réalisme photographique, fait d'aplats, de hachures et de points. Une technique pas vraiment nouvelle en dessin mais finalement peu fréquente en BD.

Un bel album, original et graphiquement frappant, qui traite avec beaucoup de finesse et de pudeur d'une histoire familiale et de celle d'une nation qui se regardent comme dans un miroir.


Retrouvez ce livre dans les médiathèques d'Antony

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