Adieu Jérusalem

Alexandra Schwartzbrod

Stock
2010

A signaler en ces temps de remise de prix littéraires !

La distinction la plus prestigieuse du roman policier, le Grand Prix de Littérature Policière 2010 dans la catégorie roman français, a été décerné à une journaliste à « Libération », Alexandra Schwartzbrod , pour un  livre de politique-fiction sur Jérusalem, ville qu’elle connaît bien puisqu’elle y a vécu trois ans comme correspondante pour le journal.

Son premier roman policier « Balangan », paru en 2003, avait reçu le Prix du polar SNCF.

2017. Jérusalem est au bord de l’implosion depuis qu’une rumeur accuse les juifs d’avoir voulu empoisonner l’eau des puits de Zamzam lors du pèlerinage de la Mecque. Un terrible fléau semble en effet décimer les pèlerins par milliers, et la ville sainte est mise en quarantaine. Le nouveau Secrétaire général de l’ONU à New York, Rein Laristel, et la Secrétaire d’Etat américaine, Susan Rice, sont confrontés a une catastrophe humaine et politique planétaire. Quelle attitude la communauté internationale doit-elle adopter face à la montée de la violence à Jérusalem-Est ? 

Pendant ce temps, Eli Bishara, un commissaire arabe qui avait reçu les honneurs après avoir résolu une enquête difficile dans la vieille ville de Jérusalem (cf. « Balagan »), et qui était tombé dans l’oubli depuis sa mutation à Tel-Aviv, est à nouveau sollicité pour renforcer la sécurité dans la vieille ville et autour des villes arabes, face à ce climat de violence alimenté par la rumeur.

Ana Güler, une jeune libraire juive d’Istanbul venue rendre visite à son oncle installé en Israël, est, dès son arrivée, confrontée à la réalité des attentats suicides qui participent à l’embrasement entre peuples.

Beaucoup de personnages dans ce roman, ce qui alourdit un peu la narration. Le personnage du commissaire n’est pas vraiment là pour résoudre une enquête. En tant qu’arabe d’Israël, il subit la discrimination au sein de sa direction, qui lui refuse obstinément une autre affectation. Les 3 chapitres qui composent ce roman, sont constitués de courts récits qui s’enchaînent, ce qui donne du rythme et en même temps exprime le malaise et la tension qui sévissent en Orient et en Occident . Nous sommes ici dans un polar d’anticipation. Et si cette fiction devenait réalité ?

Dans ces régions soumises aux tensions entre les peuples, la moindre étincelle (ici la rumeur dans l’histoire) peut mettre le feu aux poudres et déclencher un chaos mondial. Le fléau, c’est donc cette guerre qui peut contaminer l’ensemble du monde arabe et s’étendre au monde entier. L’auteure montre du doigt les Politiques, les ravages de la  politique de colonisation, les dérapages et bavures commises par les armées qui sont passés sous silence par le gouvernement. Elle parle enfin dans son roman de la possibilité pour les Etats-Unis de se désolidariser d’Israël. Et si cette désunion entraînait la perte d’Israël et sa disparition ? L’auteure ose « l’inimaginable ».

Un roman pas toujours facile à lire et à suivre du fait de la complexité de la situation politique, mais il a le mérite de s’intéresser aux sorts de ces peuples et montre l’urgence de la situation.

Retrouvez ce roman policier dans les médiathèques d'Antony


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