En septembre 2012, à quelques jours de distance, trois personnes se sont jetées sur les voies du RER, non loin de chez l'auteur, dans les Yvelines. Un vieillard, une mère de famille, un homme qui n'a pu être identifié. A la violence de leur mort a répondu le silence. Une voix neutre a seulement résonné dans les haut-parleurs de la gare.
Ce très court roman (62 pages !) m’a énormément touchée.
Quoi de plus agressif, en vérité, que ce néant nauséabond où une foule d’inconnus se presse matins et soirs ? Plutôt dépersonnalisant ou déshumanisant, le RER ? Quoi de plus stressant que ce message « suite à un incident grave..» ? Aussitôt, une foule de pensées et de sentiments négatifs : je vais-être-en-retard, la-crèche-va-fermer, je-vais-louper-mon-examen, l’adrénaline qui bondit et cette horrible pensée « mais qu’ont-ils donc à se jeter aux heures de pointe, ils ne pourraient pas le faire en milieu de matinée ?». Oui mais de toutes les manières de mettre fin à ses jours, le RER est pour les Franciliens un moyen sûr. Et le désespoir agit à son heure.
Mots-clés RER, suicide, roman
Eric Fottorino ne mène pas d’enquête pour savoir qui étaient les victimes, il veut savoir pourquoi, comment, il voudrait que l’on en parle, non que l’on taise ces morts. Avec une écriture à la fois poétique et dénonciatrice, ainsi qu’une remarquable synthèse, il trouve les mots que nous devons tous nous répéter le matin dans la foule.
C’est un livre pesant et percutant, une réflexion sociologique plus qu’une enquête, qui tente de secouer la chape de notre indifférence. Les conducteurs sont choqués, marqués à vie, les usagers sont également choqués mais qui entendra leur douleur…et qui n’a pas entendu celle de la victime ? Effectivement, nous nous cachons derrière cette froideur technocratique « suite à un incident…», comme une protection face à nos angoisses, on ironise sur la saison des suicides. Mais nous nous mourons de solitude, la compassion et l’empathie sont piétinées par la performance et la cruauté.
Ce bref roman de réflexion me touche puisque, en bonne Francilienne, j’ai l’impression de perdre une partie de ma vie dans les transports (vacarme, peine, avaries, étouffement). Mais à part fuir en province, ne nous reste- t’il pas à combattre l’indifférence ?
Retrouvez ce roman dans les Médiathèques d'Antony
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Mots-clés RER, suicide, roman
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Mercredi 02/10/2013 à 18:03
Site des médiathèques d'Antony : "Suite à un accident grave de voyageurGallimard2013En septembre 2012, à quelques jours de distance, trois personnes se sont jetées sur les voies du RER, non loin de ch...lundi 23 septembre 2013 18:40"
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Dimanche 03/11/2013 à 07:46
Bouquin's blog | Tous les romans : " Le GlobSuite à un acciden"