Stabat Mater

Tiziano Scarpa

Christian Bourgois
2011

Comme ce petit livre de 130 pages m’a apporté un immense plaisir !

Nous sommes à Venise, au temps de Vivaldi au 18ème siècle. Une orpheline de 16 ans écrit en rêve à sa mère qui l’a abandonnée dès sa naissance à la célèbre institution de la Piéta. C’est dans cet hospice que l’on cloître et forme les musiciennes ou violonistes de renommée européenne mais qui n’ont le droit d’exercer leur art que cachées en haut d’une tribune et derrière une grille ouvragée. Cecilia hurle à sa mère inconnue son besoin de comprendre ses origines : pourquoi elle a été abandonnée ? par qui ? Elle hurle son immense besoin d’affection. Elle ne sort de son autisme que pour enseigner aux plus jeunes comment elles peuvent imiter les cris des hirondelles sur leur violon…

Et le nouveau jeune maître de chapelle, un certain Antonio Vivaldi, l’entend. En parlant des premières leçons de Vivaldi, elle est subjuguée par cette qui rompt avec son temps « La de don Antonio remplit nos yeux, pénètre nos têtes, anime nos bras ». Quand la nuit elle se lève pour aller à la chapelle et exprimer muettement en le tumulte qu’elle ressent depuis sa petite enfance, elle se dit « Personne ne peut entendre la secrète qui s’élève de notre âme. Personne ne peut empêcher qu’elle résonne en nous. Personne ne peut nous la voler. Cette nuit j’ai délaissé mon violon et gardé le silence… mais dans mon for intérieur je jouais de cent instruments…

Dans ma tête, mon violon plongeait parmi les vagues des sons en tempête, disparaissait dans les profondeurs, réapparaissait tel le dauphin qui habite les bourrasques » Et on ne peut s’empêcher de penser à la rivière de notes suaves des messes de Vivaldi mais aussi aux staccatos véhéments et révolutionnaires du Printemps de ses « Saisons ».

Depuis quelques années avec un retour aux instruments anciens, aux partitions originales et anciens tempos de l’époque, on n’entend plus les interprétations romantiques et bien polies qui font la gloire des répondeurs téléphoniques mais au contraire des interprétations aux rythmes parfois déchainés, sensuels ou charnels d’un Nigel Kennedy impétueux jusqu’à être provocateur.

C’est sûr, à la lecture de ce livre, vous vous dépêcherez d’emprunter les enregistrements de l’Orchestre baroque de Venise ou de l’Academy of Ancient Music. Et vous aurez un grand frisson à l’écoute des voix de Gérard Lesne et James Bowman dans le " Stabat Mater". 


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