Actes Sud
2010
E . Dongala, congolais francophone, obligé de fuir son pays pendant la guerre civile, est professeur de Littérature africaine aux Etats-Unis. Ecrivain qui se veut engagé tout en mettant des distances avec la politique, il est respecté et reconnu par tous. Il a déjà écrit la terrible histoire d’un enfant-soldat dans « Johnny chien méchant ».
Par le biais de ce roman, il témoigne, dénonce tour à tour, la condition de la femme dans son pays, le machisme des hommes à de rares exceptions près, le discours faussement démocratique de la classe dirigeante jusqu’aux présidents africains, l’inconscience dramatique des Eglises qui dénoncent le préservatif, les superstitions qui font qu’un enfant ayant le sida est pourchassé pour cause de sorcellerie, les traditions qui excluent une femme seule de toute société….
Qui est ce groupe ? Ce sont 12 femmes casseuses de pierre qui remplissent leur sac de cailloux pour survivre ; c’est un travail exténuant, long, sous une chaleur extrême. Chacune a eu son histoire qui l’a amenée à cet état de misère. Elles ont aussi toutes une personnalité et des rêves d’avenir différents. Mais le jour où, devant la montée des prix, elles décident de monter aussi le prix de leur pauvre sac, elles vont non seulement se battre pour gagner leur vie et tenter de réaliser leur rêve mais surtout, pour leur honneur de femme debout. Au jour le jour va naître une solidarité, la conscience qu’il faut secouer le joug dans un front pacifique, uni et réfléchi.
Elles apprendront pas à pas à déjouer tous les beaux discours, les promesses, les récupérations. Cela ne se fera pas sans drame, sans douter non plus. Malgré tout, avec une joie de vivre et un humour qui sourdent par instant.
Nous suivons faits, gestes, pensées, débats intérieurs de Méréana, désignée comme porte-parole. Elle en a de la force, de la lucidité, de l’amour reçu et à donner, cette Méréana !
Dans l’émission « La Grande Librairie » du 4 novembre 2010, Emmanuel Dongala expliquait pourquoi le roman n’était ni écrit à la 1ère personne (il ne pouvait assumer le rôle féminin en disant «Je ») ni à la 3ème personne qui aurait mis trop de distance avec son personnage. Lorsqu’il a employé le « Tu » incantatoire, il a su qu’il pouvait démarrer son roman. Roman ? Plutôt : témoignage romancé, tellement on sent la force, la vitalité de cette photo de 12 femmes plus que « puissantes ».
On ne doit pas passer à côté de ce livre !
Retrouvez ce roman dans les médiathèques d'Antony
Emmanuel Dongala - Les Matins
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Mots-clés Roman, Congo