Les samedis 10 et 17 mars, nous avons eu la chance de recevoir dans nos médiathèques Philippe Coudray pour deux séances de rencontres dédicaces. Le papa de l’Ours Barnabé, débarquant de Bordeaux, a rencontré les fans de son Ours, petits et grands, venus nombreux pour l’occasion.
Il a gentiment accepté de répondre à quelques questions qui font suite à l’interview de son éditeur
Ma première question concernera le genèse de l'Ours Barnabé. Comment est née cette figure de la bande dessinée. Et pourquoi avoir choisi un ours comme personnage ?
PC : Le choix d'un personnage n'est jamais le fruit d'une réflexion. Je peux me poser la question après coup. Sans doute que l'ours par sa position à la fois quadrupède et bipède, est un maillon manquant entre la nature et l'homme. Sa force lui permet d'être philosophe sans prendre de risque. Il vit dans la montagne, un jardin naturel, une sorte de paradis terrestre...
Votre Ours est un personnage à l'humour décalé, maniant les paradoxes avec bonheur. Ses "aventures" sont pleines d'humour et incitent ses lecteurs à réfléchir. Que cherchez-vous avant tout à provoquer chez vos jeunes lecteurs, le rire ou la réflexion ?
PC : Plutôt la réflexion, mais pas n'importe quelle réflexion. Il s'agirait de provoquer une perplexité chez le lecteur, qui l'oblige à modifier certains points de vue. Finalement qu'une idée soit humoristique, poétique ou philosophique, c'est toujours une idée, c'est-à-dire un raccourci.
Votre Ours fête ses 30 ans et a eu le droit à une exposition à Angoulême en début d'année. C'est d'ailleurs la version itinérante que nous accueillons jusqu'au 28 mars. Une vrai reconnaissance pour cette bande dessinée rarement sous le feu des projecteurs.
PC : Il a fallu trente ans pour que l'Ours Barnabé soit reconnu dans le giron de la bande dessinée. Son aspect extérieur classique a du le faire identifier à tort comme un BD non "tendance" et son aspect pour les enfants a du provoquer un à priori négatif, comme s'il s'agissait d'un travail "bébé". Mais le temps agit toujours dans le bon sens.
Le 10 mars dernier la bande dessinée mondiale a perdu un de ses plus grands auteurs avec la mort de Jean Giraud. Votre frère, Jean-Luc Coudray avait d'ailleurs travaillé avec lui sur un album, Les Histoires de Monsieur Mouche dans les années 90. Qu'avez-vous ressenti à l'annonce de sa mort ?
PC : Jean-Luc a fait deux livres avec Moebius (également "2001 après Jésus Christ"). J'ai mis en couleurs les dessins de Moebius de Monsieur Mouche. La disparition de Moebius me semble provoquer un trou dans le paysage artistique. Il avait des dessins qui avait le don d'exprimer le mystère, chose très rare. C'est comme si le mystère même était parti.
Vous êtes venu deux fois à Antony dédicacer les albums de l'Ours Barnabé. J'ai assisté à une séance de dédicace et j'ai été frappé par votre disponibilité et votre faculté à trouver pour chacune de vos dédicace un dessin personnalisé plein d'humour. Est-ce un exercice qui vous plaît, comment l'abordez-vous ?
PC : J'aime ne pas répéter mes dédicaces, car il s'agit chaque fois d'une relation différente. Mais cela me demande un effort particulier dont sans doute personne ne se doute...
Merci encore Philippe Coudray
Mots-clés Bandes dessinées, Boîte à bulles