LILA

Marilynne Robinson

“I just been wondering lately why things happen the way they do.” “Pourquoi les choses se passent elles comme elle se passent ?” se demande Lila, l’héroïne du dernier roman de Marilynne Robinson.

Cette question, on le comprend vite, sera la trame du roman. Lila dont on découvre l’enfance sordide dans la première partie du livre a toutes les raisons de se la poser. Pour elle, la vie n’a pas de sens. Enfant délaissée sous une table dans une masure en terre battue, elle est un jour enlevée à sa famille biologique par Doll, une vagabonde qui l’a prise en pitié.

Lila va grandir sur les routes de l’exode de la Grande Dépression dans les années 1920 aux Etats-Unis. Dans cette vie d’errance sur les routes, en quête de petits boulots, seul compte l’amour de Doll pour Lila. Mais quand la jeune fille lui pose des questions « existentielles », Doll les élude avec la rudesse des gens de peu de mots : « T’as pas compris que l’existence veut pas de toi ? ». Et en effet, Lila a l’impression que Doll et elle « ne sont rien du tout » …mais alors, paradoxalement,d’où leur vient « la force de garder la tête droite quoi qu’il arrive ? »

Lila va perdre son seule repère quand Doll va disparaître. Après un long chemin de croix, sa route la mène à Gilead, petite ville de l’Iowa perdue au milieu de nulle part. Elle y vit dans un abri de fortune, loin du regard des autres. La solitude, sa meilleure alliée et refuge à sa honte finit cependant par lui peser.

Un jour elle se rend à l’église pendant l’office. La rencontre avec le pasteur va marquer un grand tournant dans sa vie. Pas seulement une rencontre: une histoire d’amour entre deux êtres mal assortis, que tout sépare. Sauf la grâce qui les habite tous deux…

La romancière raconte l’histoire d’une rédemption mutuelle, dans un dialogue plein de silences, entre l’homme de foi et la jeune femme farouche et endurcie.

Difficulté pour l’homme à comprendre cette femme qui se livre si peu, difficulté pour Lila à s’adapter à une vie sociale, à accepter de ne plus être rejetée. Marilynne Robinson décrit merveilleusement la vie intérieure de Lila – une vie secrète intense, exigeante, insatiable, hantée par le mystère de ses origines et fondée sur une solitude ultime qui est à la fois sa force et son désarroi, son aspiration et sa prison.

Lila qui n’a jamais été guidée par autre chose que l’instinct de survie ne fait confiance à personne. Seul le temps leur permettra de s’apprivoiser mutuellement et à Lila de s’autoriser à aimer et à être aimée en retour. C’est avec lenteur et une acuité émouvante que se déploie cette histoire sur le mystère de la vie.

Je retiens cette très belle phrase (beaucoup plus belle en anglais) sur le ressenti de Lila face à l’amour du vieux pasteur :

“That was loneliness. When you’re scalded, touch hurts, it makes no difference if it’s kindly meant.”

« C’était ça la solitude. Quand vous avez été ébouillanté, cela fait mal quand on vous touche, même si cela part d’une bonne intention. »



Retrouvez ce livre dans les médiathèques d'Antony

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  1. Lien croisé

    Anonyme
    Mardi 22/09/2015 à 17:34

    Site des médiathèques d'Antony : "Lors d'un Science Slam berlinois en 2012, une étudiante en médecine nommée Giulia Enders présenta avec tant de simplicité et de v...samedi 8 août 2015 09:55LILA I just been wondering lately why things happen the way they do. "