Les archives audiovisuelles de la Grande Guerre

La Première Guerre mondiale en images


Quelques 110 000 clichés et plus de 2 000 films composent la collection « Première Guerre mondiale » de l’ECPAD. L’Etablissement de Communication et de Production audiovisuelle de la Défense conserve ces archives qu’il a héritées de ses ancêtres les Section photographique et Section cinématographique de l’armée (SPA et SCA).

A l’occasion du Centenaire de la Première Guerre mondiale, le capitaine Sbrava, affecté à l’ECPAD, est venu nous en présenter toute la richesse.

 

Un peu d’histoire

 

Le besoin d’images des combats s’est rapidement fait sentir après le début de la guerre en août 1914. L’armée a donc créé dès 1915 deux sections, composées l’une de photographes (la SPA), l’autre de cinéastes (la SCA), tous militaires. En 1917, SCA et SPA sont réunies en une seule unité, la Section photographique et cinématographique de l’armée (SPCA). Jusqu’à sa dissolution en 1919, l’unité est présente lors des opérations menées dans toute l’Europe, mais aussi à l’arrière, dans les villes comme les campagnes.

Leurs missions : inventorier en images les destructions, rendre compte des opérations militaires et fournir des images pour la propagande. C’est la constitution de véritables archives historiques qui leur est demandée, un état des lieux de la guerre et des destructions qui l’accompagnent, mais aussi une documentation précise des actions menées par l’armée.

 

Questions techniques

 

Appareils photo et caméras du début du siècle dernier ne ressemblent en rien à nos appareils ultra-compacts d’aujourd’hui. En 1915, les opérateurs militaires étaient équipés d’un matériel plutôt pesant.

Les photographes utilisent des chambres photographiques qui permettent aussi la prise de vues stéréoscopiques (en relief) et panoramiques, et qui pèsent de 1 à 3kg avec leur étui de protection. De plus, les vues ne sont pas fixées sur pellicule mais sur des plaques de verres dont certaines ont été traitées pour un résultat en couleurs. Les plaques de verre, même de dimensions modestes (6x13cm pour la majorité), représentent un poids conséquent pour l’opérateur qui doit en transporter suffisamment pour la durée de sa mission… Sans compter qu’à son paquetage, son appareil et ses plaques de verre, s’ajoute parfois un trépied.

Pour les cameramen le matériel est tout aussi encombrant : une imposante caméra posée sur son trépied et dont il faut tourner la manivelle régulièrement et sans à-coup pour faire défiler la pellicule. Soit environ 24kg à porter pour l’opérateur. Plus toute la pellicule dont il a besoin : de longs rubans de pellicule au nitrate, fortement inflammable, protégés dans des boîtes métalliques.

Avec de telles contraintes, on comprend que ces hommes choisissaient soigneusement les vues et soignaient leurs prises, mais aussi que ces militaires n’étaient pas armés. Cela explique encore pourquoi les images de combats pris sur le vif sont si rares.

 

Images de la guerre

 

Le capitaine Sbrava avait sélectionné pour nous quelques films et photographies représentatifs de la richesse et de la diversité des collections de l’ECPAD.

Tous nous permettent de voir que, si au début de la guerre les opérateurs sont perçus comme des planqués qui ne participent pas au combat, l’opinion change rapidement et les soldats posent et sourient devant l’objectif.

Photos et films sont exploités par la propagande : il s’agit de soutenir le moral des Français à l’arrière mais aussi au front, de montrer la bravoure des soldats et la barbarie de l’ennemi.

Les opérateurs se sont auto-censurés, en particulier en prenant peu de photos de morts : pas de gros plans sordides mais des vues prises de loin où l’on ne reconnaît pas les visages ou les insignes, rarement des soldats français. La censure militaire, elle, officielle s’est appliquée à toute image susceptible de briser l’engagement patriotique ou de renseigner l’ennemi sur les positions des troupes, leur armement, leur état.

Les images de reconstitution sont nombreuses. Certaines sont clairement des mises en scène où les soldats posent dans leurs uniformes impeccables ou dégustent tranquillement leur soupe dans leur cahute sous l’œil de la caméra. Voilà le genre de scènes qui sont diffusées à l’arrière dans les films d’actualités au cinéma.

Pour certains films, l’ECPAD possède à la fois le film d’actualité et les rushes qui ont servi au montage, c’est-à-dire le reportage brut tel que l’a filmé l’opérateur. Le film d’actualité que nous avons pu voir, un des rares à montrer un assaut réel, mêle des scènes capturées au petit jour en forêt lorsque les hommes s’extraient des tranchées et des scènes d’obus tombant sur la plaine, mais cette fois en plein jour.

Cette découverte instructive des archives audiovisuelles de la Grande Guerre s’est achevée sur un échange animé d’anecdotes.

A voir aussi : Sélection de documents dans les médiathèques , repérables grâce au logo





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  1. Lien croisé

    Anonyme
    Lundi 29/12/2014 à 00:07

    Site des médiathèques d'Antony : "vouac du 53e RA. Cagna d'officier. Lieutenant Brindeau lisant le journal et son ordonnance brossant les botte...jeudi 18 décembre 2014 14:43Les ar"