Gallimard
2010

Mais quoi, Madame ! Vous prétendez m’intéresser à la lecture de ce pavé de 550 pages sur l’Histoire de l’Aviation ! Mais où va-ton ?

Oui, bien sûr ce n’est pas écrit comme du MI.. ou du LE.. mais plutôt avec des phrases à la PROUST, parfois longues, sinueuses comme une pensée qui émerge des méandres du cerveau, des phrases sublimes qui nous donnent envie de les lire à haute voix et lentement, ou à les surligner pour y retourner. Comme le dit François Busnel dans la Grande Librairie du 14 octobre 2010 « il ne se dévore pas, il se déguste »

C’est donc un siècle d’Aviation avec  ses découvertes géniales, ses tâtonnements, ses expériences en temps de paix et en temps de guerre, ses grands héros et ses modestes héros  portés par leur passion, qui ont œuvré à ce qu’aujourd’hui, l’on considère l’envol d’un long courrier presque banal mais toujours fascinant. Mesure-t-on aujourd’hui la nécessaire capacité à réagir immédiatement , à changer de cap suivant les vents : recalculer la trajectoire, l’altitude, la vitesse pour ne pas se retrouver à cours de carburant ?

Et puis c’est  l’Histoire de notre  siècle qui a vu la 2ème guerre mondiale avec ses cohortes d’avions qui bombardent les civils, les villes, avec une récurrente réflexion sur Pétain, la collaboration, la Résistance, les rafles…, la reconstruction de l’après-guerre.

C’est enfin l’histoire de cet homme Jean Forest dans la peau duquel son fils, Philippe, se glisse avec tendresse, discrétion ;  souvent, l’auteur écrit « devait-il penser »…. Cet homme, passionné d’avion depuis sa toute jeunesse, finira sa carrière commandant de ligne ; il n’aura eu de cesse d’obéir à sa vocation, tout en passant sans le vouloir par des chemins détournés.

Oui c’est vrai, nos vies tiennent à une folle valse des hasards, parfois  à d’ invraisemblables concours de circonstances mais les réponses que nous y apportons, nos choix conscients ou inconscients n‘obéissent pas  qu’au hasard. C’est ainsi que Philippe Forest nous  pousse à lire l’histoire de notre propre vie.

Certains n’apprécieront peut-être pas ce mélange de grandes réflexions  sublimes sur la vie et le côté technique de l’aéronautique. Moi qui ne suis pas une scientifique, je n’ai pas été gênée.

Suivez la pensée narratrice de l’auteur qui n’hésite pas à se répéter, à se poser des questions.

Vous découvrirez des phrases majestueuses et pourtant simples, chargées d’émotion sans jamais de grandiloquence ni de pathos. En parlant de la passion des  pilotes de l’après guerre qui se tournent vers l’avenir : « Croyant que tout recommençait et que sur l’ardoise du temps, quelqu’un avait passé l’éponge miséricordieuse de l’oubli. Si bien que l’aventure d’autrefois avait été seulement provisoirement interrompue, qu’une pure parenthèse de folie et d’horreur s’était ouverte par accident pour se refermer aussitôt, laissant l’aviation redevenir ce qu’elle n’aurait jamais du cesser d’être. »

Faites-vous offrir ce livre pour vous y installer confortablement, sans se presser et goûter des heures d’intelligence et de bonheur de lire.

Retrouvez ce roman dans les médiathèques d'Antony

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