Une jeune veuve s’installe chez ses austères beaux-parents qui ne voient en elle que l’écervelée que leur fils a fait l’erreur d’épouser. Quelle place va-t’elle prendre dans leur imposante maison ? Elle n’a que 21 ans et se voit mal vieillir dans l’ennui et les conventions ! Dans le même temps, le bruit de Londres finit par atteindre aussi les petites villes, préservées jusque-là du progrès et du swing, de Sible Pelden et Chesterbourne, le monde n’est plus ce qu’il était.

Et c’est tout un microcosme qui tombe sous la plume acérée de Stella Gibbons, dans un style délicieusement suranné - le roman date de 1938 !! Si le chant du rossignol se fait entendre et si la nature est présente et charmeuse, voire charmante, tout au long du roman, il n’en est pas ainsi pour les personnages qui s’agitent sous la loupe de l’auteure. Ils sont croqués de manière savoureuse, transformant les petites tragédies quotidiennes de gens plus attachés aux convenances qu’à leurs proches en comédie piquante.

On retrouve un peu l’Angleterre immortelle de Jane Austen, avec ses réunions mondaines, ses bals, ses nouvelles croustillantes et ses méchancetés assenées avec la plus formelle politesse du monde.

La peinture des personnages est criante de vérité, précise et sans merci. Les classes sociales de l’époque, si distinctes bien que vivant côte à côte dans les mêmes grandes maisons, sont irrémédiablement séparées par le gouffre des conventions. Irrémédiablement ? Allons, la romancière a tous les droits, pour notre plus grand bonheur de lecture !

Et j’avoue, après avoir lu bien des essais passionnants et des romans déprimants, que celui-ci est à la fois une intéressante peinture d’une société qui existe encore et une comédie réjouissante. Ne boudons pas notre plaisir, chers lecteurs !!

Retrouvez ce roman à la Médiathèque Arthur Rimbaud.

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