Lola Lafon
2014

Son nom est Nadia C.

Cette petite fille fit briller en quelques secondes l’étoile de son pays planétairement et son pays, en temps voulu, lui fera remarquer qu’elle lui devait ce miracle.

Le petit prodige a défié un logiciel informatique dont le concepteur n’a pu imaginer qu’il devrait un jour enlever le point entre le 1 et le 0 pour afficher un 10, alors que le cerveau du prodige était capable d’évaluer, corriger, ajuster par des calculs millimétriques ultra rapides ses mouvements sur son territoire d’acrobaties.

Les transformations morphologiques du petit corps, et une vie amoureuse tumultueuse, considérées comme choquantes et moquées, n’ont pas anéanti le souvenir de celle qui fut l’idole des petites filles, de l’ouest à l’est, du nord au sud.

Pourquoi, sinon, un satellite aurait-il propulsé dans le cosmos les images de la vidéo de la beauté parfaite des prestations de Nadia C. à Montréal en 1976, à l’attention d’un éventuel extra-terrestre?

Lola Lafon nous transporte dans la Roumanie de l’ère communiste au rythme d’une écriture rapide et simple pour décrire la vie des Roumains et des gymnastes de haut niveau.

Une vie résumée en une liste d’interdictions, de restrictions, de recommandations.

Et surtout une liste de maux, avec leurs séquelles à l’âge adulte : talons d’Achille enflammés, bleus, entorses, vertèbres déplacées, os des hanches constamment cognés contre les barres asymétriques. Avec son indissociable liste de médicaments : cortisone, codéine, laxatifs, diurétiques.

Par le biais d’échanges fictifs entre l’auteur et Nadia C., nous comprenons les jugements paradoxaux, de reproche ou d’ironie, des Roumains opprimés envers l’Occident.

Lola Lafon, qui a grandi en Roumanie, nous restitue des conversations, des propos entendus dans les cafés, des scènes de rues, pour tenter d’analyser les arcanes de la pensée d’une petite fille dont les sombres arabesques de la personnalité accompagnèrent celles, somptueuses, de son corps pré-pubère.

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