Les P’tits bérets
2015

Huit saisons et des poussières est un récit très émouvant sur le retour à la maison d’un père survivant des camps nazis.

Quand on a dit cela, on a tout et rien dit du livre. Car contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, le livre ne raconte JAMAIS l’horreur de la guerre, des camps, de la mort…

Le livre ne raconte rien des souvenirs du père, presque rien de ce qu’ont vécu ses enfants et sa femme restés au village après que le père ait été pris dans une rafle. Et pourtant. Le texte nous fait partager les longues retrouvailles entre le père et son fils, le père et sa fille, le père et sa maison, le père et sa vie d’avant, le père et… la vie. Le livre raconte, à travers le mutisme du papa, sa difficulté à renouer avec le quotidien, la douleur qu’il porte en lui, l’horreur qu’il a vue, sans jamais l’exposer de manière frontale et difficile pour le lecteur. Il narre aussi, par les attitudes très différentes des 2 enfants, comment chacun a intériorisé l’absence du père et les retrouvailles avec un papa forcément différent de celui qui les a quittés.

Enfin et surtout, il raconte le rôle central du petit garçon qui, grâce à sa proximité physique, à la parole, à sa patience puis à sa révolte, va aider son père à renouer avec les mots, le rire, et la chaleur humaine.

Le récit est court, alors qu’il laisse de la place et du temps au temps pour que le père puisse peu à peu sortir de sa torpeur. Il est bien écrit et illustré à l’aquarelle avec beaucoup de douceur et des tons clairs qui contrastent avec l’imaginaire qui entoure les récits sur les camps. On est du côté du vivant, du cocooning, du foyer, de la renaissance, possible avec et malgré les blessures et séquelles.

C’est un récit plein d’espoir et d’émotions, à partager avec tout enfant ou à laisser sans crainte dans les mains de tout jeune susceptible de saisir le contexte et l’arrière-plan historique rattachés à cette histoire..

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