Des papillons aux ailes de feu

Isabelle Colmez

L'Harmattan
2011

Un homme tombe amoureux d’une femme au parc de Sceaux. Il décide d’écrire un journal intime car cette rencontre le bouleverse au cœur de lui-même.

Bon, dit comme cela cette histoire paraît banale. Or c’est beaucoup plus subtil.

L’histoire

Chirane, le jeune homme, observe Tali, la jeune femme, dans ses rapports avec les autres. Que ce soit un pêcheur, une vieille dame, Tali est toujours attentive aux autres. Tali pratique la course à pied. Chirane lui demande de lui apprendre à courir. Au début c’est cela leur relation, la transmission d’un savoir par le corps. La course libère en l’homme une énergie, un élan vers l’autre.

Chirane ne touche pas Tali, il sent une réticence un blocage que vient confirmer Tali, lorsque Chirane lui fait lire un de ses textes.

Impossible de résumer ce livre, qui pour être court, moins de cent pages, se révèle extrêmement riche. C’est aussi une rencontre avec ce magnifique parc de Sceaux qui permet au cœur de la densité urbaine, de retrouver un contact avec les éléments naturels.

Le style

Travail sur la langue, les mots. Par une écriture poétique, Isabelle Colmez touche chacun d’entre nous au cœur de son intimité. Il y a en nous un peu de Chirane, un peu de Tali.

[...] la vraie nature du langage est poétique. Car, dans la poésie, les mots ne sont pas retenus prisonniers [...]. Ils sont libres de s’envoler et de danser sur les lèvres du poète. Les mots savent de nous des choses que  nous ignorons et si nous les muselons, ils ne peuvent plus  nous révéler à nous mêmes. » (p.39)

Laissez vous emporter par la prose d’Isabelle Colmez, vous ne regretterez pas ce beau voyage.

L’auteure

Je partage mon temps entre l'accompagnement individuel de personnes souffrantes par des soins reiki et le plaisir de créer : j'ai consacré quelques années au dessin surtout au pastel et actuellement je suis plutôt dans l'écriture.
J'ai une formation variée. Un bac scientifique suivi de classes préparatoires littéraires et d'un magistère de sciences sociales à la Sorbonne et à l'E.H.E.S.S. J'ai fait des études de chinois et d'hébreu ainsi que des civilisations chinoise et juive.

Le rendez-vous

Vous pourrez retrouver Isabelle Colmez à la librairie La Passerelle 5 rue Henri Lasson le 8 janvier de 10h30 à 12h30.
Elle y dédicacera son livre. Ne manquez pas ce rendez-vous avec une auteure sensible et délicate.

Retrouvez ces nouvelles dans les médiathèques d'Antony


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  1. Le commentaire de Marianne

    bibAntony
    Vendredi 30/12/2011 à 10:18

    Un très beau conte philosophique.

     
    Sa force poétique m’a enchantée et ses pensées et réflexions, inspirées de la sagesse asiatique, ont trouvé un écho particulier en moi qui pratique le Taï chi depuis plusieurs années.
     
    Le choix des prénoms est particulièrement beau : Tali et Chirane signifient en hébreu : rosée, agneau pour Tali, chant, poème pour Chirane. Cela donne la tonalité du livre où la force du chant va à la rencontre de notre humanité la plus intime, la plus profonde.
     
    Quelques citations de Christian Bobin en frontispice de certains chapitres nous rappellent que la philosophie asiatique nous est accessible à condition que nous prenions le temps de nous poser et d’observer dans le silence le merveilleux spectacle de la nature.
     
    Quelques passages qui m’ont vraiment émue :
     
    « Le pêcheur est, pour toi, un peu comme ce sage, qui lance au monde ses pourquoi et qui attend, avec patience, de réussir à « pêcher » une réponse, pour ensuite accepter de restituer cette réponse au monde, en la transformant en nouvelle question. » (page 14)
     
    « J’aime ce conte qui nous dit qu’au départ, la parole et la musique étaient ensemble, jusqu’au moment où un homme a dit un premier mensonge. Ce jour-là la musique a quitté la parole. Pendant très longtemps la parole est restée seule et c’est pour cela que les hommes ont inventé le langage écrit. » (page 27)
     
    « Tu raconte les mots. Tu racontes tes mots. Ils ne sont pas là pour déchirer le silence mais, au contraire, pour manifester son existence […] Tu compares le silence à la marge présente dans chaque livre. Pour toi, les mots prisonniers dans les livres sont en attente du souffle d’un lecteur qui les fera revivre. » (page 38 )
     
    « Pour toi, la vraie nature du langage est poétique. Car, dans la poésie, les mots ne sont pas retenus prisonniers et pétrifiés par la raison dans une phrase. Ils sont libres de s’envoler et de danser sur les lèvres du poète » (page 39)