« Peu de vices sont plus difficiles à éradiquer que ceux qui sont généralement considérés comme des vertus. Le premier d’entre eux est celui de la lecture ».
Ce court texte provocateur date de 1903, il est inédit en français.
Il est édité par les éditions du Sonneur qui se donne pour objectif de faire exister « des textes trop courts pour être publiés en grand format, mais trop grands pour ne pas être édités ».
La grande romancière américaine Edith Wharton (prix Pulitzer en 1920) y dénonce l’obligation sociale de la lecture.
« Pourquoi serions-nous tous des lecteurs ? nous ne sommes pas censés être tous musiciens. »
Pour la romancière, il y aurait les « lecteurs nés », ceux pour qui lire est un réflexe au même titre que respirer, ceux capables de « vagabondages intellectuels ». Elle les distingue des autres, les « lecteurs mécaniques », incapables de se nourrir du texte lu.
Avec humour et humeur, elle dresse le portrait de ces « lecteurs mécaniques moyens » qui lisent non par plaisir mais par utilité : pour briller en société, ils veulent pouvoir clamer qu’ils ont lu le dernier roman à la mode et en parler.
Elle va plus loin, affirmant que ce type de lecteur qui choisit ses lectures sans discernement et sous la pression sociale est une menace pour la littérature parce que, faisant et défaisant les succès commerciaux, il encourage l’écrivain sans talent et permet à la critique littéraire médiocre d’exister.
Ce petit texte ne laisse pas indifférent. Le point de vue d’Edith Wharton est certes contestable à bien des égards mais c’est aussi une réflexion résolument moderne. On pense notamment aujourd’hui à la littérature dominante, celle qui a du succès ou qui n’en a pas.
Retrouvez cet essai dans les médiathèques d'Antony
Mots-clés Livres, Lecture