L'enquête

Philippe Claudel

Stock
2010

Les lecteurs qui aiment Philippe Claudel, et j’en fais partie, seront déroutés par son dernier roman. Certes l’écriture est toujours aussi fluide et prenante, le talent de « raconteur » est intact. Mais il nous emmène dans une histoire qui devient vite oppressante.

L’Enquêteur doit intervenir dans l’Entreprise pour mener des investigations sur une vague de suicides. On part d’une situation malheureusement très réaliste. Et puis on commence à se sentir mal à l’aise. On entre dans un mauvais rêve qui tourne au cauchemar. De quoi se taper la tête contre les murs. Dans ce labyrinthe kafkaien, le « pauvre » Enquêteur se heurte à tout. Aux brimades, aux non réponses, à l’anonymat, aux situations les plus absurdes. Le malaise monte au fil des pages, d’autant plus percutant qu’il reflète la société déshumanisée qui se construit autour de nous comme une prison dont les murs montent un peu plus haut chaque jour. Dans cet univers, où personne ne porte de nom mais où l’individu n’existe que par sa fonction, le cauchemar tourne à l’apocalypse… Lorsque « Le Fondateur » de l’entreprise, vieillard errant dans un terrain vague, hurle « qu'ai-je donc fondé ?!! », on perçoit derrière les traits de ce personnage désespéré une vérité plus universelle. Mais la question restera sans réponse, Claudel  laissant à chacun de ses lecteurs le soin de la donner.

Désespérant ? Oui, mais à lire, car c’est écrit avec talent et non sans humour.

Retrouvez ce roman dans les médiathèques d'Antony


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