Dictionnaire amoureux de la Russie

Dominique Fernandez

Plon
2004

Entre Dominique Fernandez et la Russie, c’est vraiment d’amour qu’il s’agit. Son « Dictionnaire » nous entraîne dans un périple à travers le temps et l’espace, de la Russie impériale à la Russie actuelle, sans oublier l’ex-URSS (…..) D. Fernandez possède ce don très rare d’avoir la culture légère. Il n’assomme jamais avec le poids de ses connaissances, mais donne à appréhender, à aimer, à comprendre tout ce qui l’a enchanté ou révolté, c’est selon. (Extrait de la 4ème page de couverture) 

Oui, on me l’a offert, ce cadeau tant convoité, car l’emprunt à la bibliothèque ne me suffisait pas ; je voulais l’avoir à moi ! Comme moi, naviguez dans ce dictionnaire de 830 pages !  Vous allez piocher dans les analyses «amoureuses » de la Russie que vous propose l’auteur et vous allez être titillé par une curiosité dévorante.

Lorsqu’un article mérite de nombreuses pages, D. F., pour faciliter la lecture, le décompose en plusieurs tableaux,  par ex : Tourgueniev, Nabokov, Makine etc.

Un index récapitule toutes les entrées par ex : pour Tolstoï qui apparaît une quarantaine de fois dans différentes entrées !

La lecture de ce qui est consacré  aux villes russes, leurs palais, cathédrales, monastères donne envie de prendre immédiatement un billet pour voir de près toutes ces merveilles ou tous ces lieux chargés d’Histoire. D. F. a voulu consacrer, en plus des très belles pages sur Saint-Pétersbourg, un long article sur Leningrad car « Oublier le nom de Leningrad, ce serait effacer le sacrifice de plus d’un million de martyrs. »

Sont analysés avec amour les grands écrivains classiques mais aussi les poètes (comme Anna Akhomatova, dont les livres furent  détruits  dans la campagne de redressement idéologique car  « Ses œuvres ne peuvent semer que l’accablement, le découragement, le pessimisme ». )

Ne courez pas tout de suite lire le gros pavé d’Axionov (1000 p.) : « Une saga moscovite », sans avoir lu la « substantifique moelle » qu’en dégage D. Fernandez. « Le réalisme quelquefois appliqué d’Axionov vole en éclat sous le coup d’une hilarité gargantuesque. Comment supporter l’horreur, sinon en la tournant en dérision ? »

Vous aurez aussi envie d’écouter Chostakovitch dans sa 7ème symphonie, dite de Leningrad : « On y entend un motif indéfiniment répété de tambours, métaphore de l’invasion allemande. » Et sa 13ème symphonie « écrite à la mémoire des victimes juives du massacre de Babi Yar perpétré par les nazis ».

D’autres entrées sont passionnantes  (dans l’ordre alphabétique et entre autres): l’antisémitisme, la danse, les femmes, l’homosexualité, les icônes, la mort, la peinture, les polars, les cinéastes, etc. … Bref, une mine !!! Tout en gardant un style très simple bourré d’exemples concrets.

Ce que j’ai apprécié  c’est que l’auteur dise bien sûr en quoi il aime quelque chose, mais aussi, qu’il lui arrive de signaler des défauts dans l’écriture : « Le , un peu lent à démarrer prend son envol après la guerre »… ou dans les attitudes de certains (antisémitisme, hargne vis-à-vis de Saint-Pétersbourg …).

C’est un livre fait de chair et de sang et il a bien sa place dans cette collection des dictionnaires amoureux !   


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